Les Français ont la réputation d’être râleurs. Qu’elle soit avérée ou pas, ils ne sont en tout cas pas très optimistes quant à l’évolution de leur système de soins. La moitié d’entre eux considère que leur descendance risque d’être moins bien soignée dans les 10 années à venir. C’est le résultat d’un sondage Ipsos pour le think tank Imaginons la santé (1).
Des délais d’attente trop longs
Les sondés se déclarent plutôt satisfaits du délai nécessaire pour d’obtenir un rendez-vous chez le médecin généraliste, ainsi que de la disponibilité et l’écoute des soignants. C’est à peu près là que s’arrête leur engouement pour le système de santé national.
Interrogés sur l’avenir, les Français ont avoué de nombreuses préoccupations. Près de 9 personnes sur 10 s’inquiètent par exemple du nombre de professionnels de santé disponibles dans les années à venir. Ils sont à peine moins nombreux à entrevoir des jours sombres concernant les délais d’attente avant d’obtenir un rendez-vous chez un médecin spécialiste (86 %) et un examen médical approfondi (76 %).
Source : Sondage Ipsos pour Imaginons la santé
Le sondage révèle aussi un problème structurel dans l’organisation des soins : la ville et l’hôpital communiquent encore trop peu, ou trop mal, pour un Français sur deux. Un déficit d’échanges d’autant plus dommageable que ces derniers estiment qu’ils ne disposent pas des outils nécessaires pour s’orienter vers le meilleur spécialiste ou le meilleur établissement de santé en cas de maladie grave.
Moins remboursés
La réforme est donc nécessaire, et vite. Pour 69 % des sondés, le chantier doit être engagé lors du prochain mandat présidentiel. Mais ils sont nombreux à déplorer la place insuffisante de la santé dans les débats (81 %).
Or sans réforme, le ciel risque bien de s’obscurcir. La quasi totalité de la population sondée entrevoit une dégradation des remboursements si la situation ne change pas (93 %) et une hausse du reste à charge (92 %).
Conséquence logique, une médecine à deux vitesses émergera pour 9 personnes sur 10. Seuls ceux qui en auront les moyens pourront accéder aux meilleurs soins. Les plus pessimistes estiment même que cet ensemble d’éléments pourrait affecter de manière négative l’espérance de vie. Mais ils sont moins nombreux à la penser : 48 % ont répondu par la positive à cette affirmation.
Plus d’automédication
Les solutions sont pourtant à portée de mains. Les Français sont ainsi prêts à ouvrir les données de leur dossier médical à la recherche scientifique, dans le but d’aider ses avancées (73 %). Mais ils souhaitent aussi y mettre du leur et faire davantage appel à l’automédication (71 %) et au pharmacien (61 %). 7 sur 10 se disent aussi favorable à des échanges par téléphone ou par Internet avec leur médecin.
Mais tous les sacrifices ne sont pas bons à commettre. Les usagers ne souhaitent pas débourser plus pour se soigner et refusent de consentir à un effort financier supplémentaire, même si cela signifie améliorer le système de soins.
Source : Sondage Ipsos pour Imaginons la santé
(1) Sondage Ipsos réalisé pour le think tank Imaginons la santé, auprès de 2 000 personnes âgées de 18 ans et plus représentatives de la population française, interrogées par Internet.