Ni trisomiques, ni microcéphales. Les Hobbits, ces petits êtres semblables aux Hommes, pourraient bien avoir existé dans la vie réelle. Les restes retrouvés sur l’île de Florès, en Indonésie, semblent confirmer qu’il s’agit bien d’une branche dérivée de l’espèce humaine. Deux études consacrées à ce petit hominidé sont parues dans Nature. Une attestation qui arrive un peu tard pour l’auteur à l’origine de cette découverte, Michael Morwood, décédé en 2013.
Des outils de pierre
L’Homo florensiensis, c’est son nom, a été découvert en 2003 sur l’île indonésienne de Florès par une équipe de l’université de Griffith (Australie), dans la caverne de Liang Bua. De très petite taille – il mesurait environ un mètre de haut –, il possédait un cerveau plus réduit que celui d’un chimpanzé. Il aurait vécu il y a 70 000 ans. Mais un seul corps a été découvert. Des chercheurs suggèrent donc qu’il ne s’agit pas d’une nouvelle espèce mais d’un homme atteint de trisomie 21 ou de microcéphalie.
Quelques années plus tard, d’autres restes sont retrouvés sur un autre site, à 70 km de Liang Bua : Mata Menge. « Nous avons déterré les fossiles d’au moins trois individus, dont deux enfants, et des outils de pierre qui sont presque identiques à ceux fabriqués par l’Homo floresiensis bien plus jeune », explique le Dr Adam Brumm, qui a réalisé les fouilles. Ces fossiles sont plus récents mais très similaires au Hobbit de Liang Bua sur la forme et la taille. Cela suggère que ces deux groupes appartenaient à une même population.
Un parent lointain de l'homme moderne
Reste à savoir à quel moment les branches de l’humanité se sont séparées pour donner naissance à l’Homo sapiens d’une part, l’homme de Florès de l’autre. Les chercheurs supposent que le Hobbit a évolué à partir d’une lignée archaïque de l’humanité : l’Homo erectus qui existait il y a 200 000 ans avant l’émergence de notre espèce en Afrique. Une thèse d’autant plus probable qu’il est aussi surnommé l’homme de Java… De fait, il a atteint l’île indonésienne il y a 1,5 millions d’années. « Avec seule une poignée de fossiles retrouvés à Mata Menge, les caractéristiques des dents suggèrent fortement un lien ancestral avec l’Homo erectus », précise le Dr Brumm.
Seul problème : l’homme de Java était de taille comparable à l’homme moderne. Pour y répondre, les auteurs avancent la loi de Foster : la quantité de ressources disponibles sur un espace influence la taille des espèces qui l’habitent. Sur une île où la nourriture disponible est limitée, les grands mammifères auraient rétréci, les petits mammifères grossi. « Le fait que nous ayons trouvé des fossiles d’éléphants pygmées éteints (Stégodon) et de rats géants soutient aussi la thèse d’un groupe isolé d’Homo erectus qui aurait subi une évolution radicale en raison de la règle de l’île », avance le Dr Brumm.
L’autre hypothèse remporte moins d’enthousiasme de la part des chercheurs : l’homme de Florès aurait dérivé d’une espèce plus ancienne, comme l’Homo habilis ou l’australopithèque.