Dépressifs, schizophrènes, bipolaires… Des centaines de patients atteints de troubles psychiques sont attendus dans les rues de Paris ce samedi, pour la troisième édition de la Mad Pride. A l’instar de la Gay Pride, cette marche se veut un moment de convivialité pour briser les tabous, et dénoncer les idées reçues. Et elles sont nombreuses sur le sujet. La faute en partie aux médias, révèle une étude relayée par Le Figaro.
Ces travaux, publiés dans la revue Health Affairs, ont analysé comment et à quelles occasions étaient médiatisées les maladies psychiatriques, que ce soit dans la presse quotidienne ou à la télévision. Comme le détaille Pauline Fréour, les résultats indiquent un parti pris évident. En effet, plus de la moitié des sujets dont le titre mentionne une maladie mentale sont en lien avec des faits de violence. Les articles ou reportages véhiculant un message positif ne représentent que 14 % des 400 sujets analysés par les chercheurs, précise la journaliste.
Pourtant, les chiffres sont sans appel : seuls 3 à 5 % des actes violents seraient dus à des personnes atteintes de troubles mentaux… Ce qui fait bien peu en comparaison du nombre de patients en France. Ceux-ci sont d’ailleurs plus souvent victimes de violence que les autres citoyens, un fait souvent passé sous silence. Cette violence ne se manifeste pas toujours par des coups, elle peut être ressentie au quotidien. Philippe Guérard, président du collectif Mad Pride, souligne ainsi qu’une personne souffrant d’un handicap physique a bien plus de chances de trouver de l’aide pour monter dans un train, qu’une personne prise d’une crise de panique. « Avant d’être un diagnostic, un schizophrène est un citoyen », martèle-t-il.
Si le sujet mobilise les associations de patients, il intéresse aussi des chercheurs de l’Institut du cerveau et de la moelle épinière, qui ont décidé d’attaquer le mal à la racine. Leur objectif, mieux comprendre les représentations du grand public sur les troubles mentaux pour mieux lutter contre les stéréotypes et les idées reçues. « En améliorant notre connaissance des perceptions négatives, nous saurons où et comment agir pour les combattre », explique dans les colonnes du Figaro Margot Morgiève, sociologue en charge du projet. Pour mener à bien leurs recherches, les scientifiques ont développé une application, la « crazy app », accessible en ligne.