Le virus Zika ne devrait pas être une menace en Europe cet été, a estimé récemment l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Dans la région, le risque d’épidémie est jugé faible à modéré. Les experts de l’agence onusienne soulignent toutefois que ce risque de propagation sera plus élevé dans les pays où le moustique Aedes est implanté, notamment le sud de l’Europe.
Pour évaluer le risque de flambée épidémique sur le continent, l’OMS a pris en compte la probabilité d’une propagation du virus et les capacités nationales des Etats à prévenir ou maîtriser rapidement une transmission locale.
La France, première concernée
L’agence internationale estime ainsi que le risque est élevé sur l’île de Madère et la côte nord-est de la Mer noire, zones où le moustique Aedes aegypti, principal vecteur du virus, est durablement implanté.
Dans les 18 pays où l’espèce Aedes albopictus – le fameux moustique tigre - est présente, le risque est considéré comme modéré. La France est le premier pays concerné avec 30 départements métropolitains colonisés, devant l’Italie, l’île de Malte ou la Croatie. Cette probabilité plus importante s’explique par un climat favorable à l’installation du vecteur et des cas antérieurs de dengue et de chikungunya, des virus transmis par le même vecteur que le Zika. En outre, avec plus de 2,5 millions de passagers aériens entre la France et les départements d’Outre mer sévèrement touché par l’épidémie, le risque en métropole est réel.
Enfin, l’OMS juge que la probabilité d’une épidémie de Zika est faible voire inexistant dans 36 pays de l’Europe, dont le Portugal, l’Allemagne ou la Finlande.
France : 460 cas importés en métropole
« Cette évaluation des risques se veut être une source d’inspiration pour organiser les préparatifs dans chaque pays d’Europe et les cibler en fonction du niveau de risque national, a déclaré le Dr Zsuzsanna Jakab, directrice régionale de l’OMS pour l’Europe. Nous exhortons en particulier les pays qui courent un risque plus important à renforcer leurs capacités nationales et à donner la priorité aux activités permettant de prévenir une flambée épidémique de grande envergure. »
Parmi les recommandations de l’agence, le renforcement de la lutte antivectorielle pour éviter l’entrée et l’installation du vecteur est la mesure phare. En France, le dispositif de surveillance et de lutte contre le moustique tigre a été lancé le 1er mai et durera jusqu’au 30 novembre. En parallèle, les professionnels de santé des zones les plus à risques ont reçu un document d’information pour les aider à détecter et rapidement les personnes infectées et agir pour réduire le risque de transmission.
Depuis le début de l’année 2016, 460 personnes de retour de zone de circulation du virus Zika ont été infectées en métropole, dont 10 femmes enceintes, selon le dernier bulletin épidémiologique. Deux cas de complications neurologiques ont également été confirmés, ainsi que 5 cas de transmission sexuelle. Selon le dernier point de l’OMS, 60 pays d’Amérique du Sud et des Caraïbes recensent une transmission locale de ce virus.
Zika : l'OMS recommande 8 semaines d'abstinence
Face aux virus Zika, l’Organisation Mondiale de la Santé prône l’abstinence. Bien que le moustique Aedes soit le principal vecteur de la maladie, l’agence internationale rappelle que la transmission du virus lors de rapports sexuels est avérée et participe à la propagation de Zika. « Cette éventualité est préoccupante en raison du lien entre l’infection par le virus Zika et des complications potentielles, notamment la microcéphalie et le syndrome de Guillain-Barré », souligne l’OMS dans un rapport provisoire présenté fin. Les voyageurs de retour des zones touchées par l'épidémie devront avoir des rapports sexuels protégés, ou s'abstenir pendant 2 à 6 mois, recommande-t-elle.