Promesse tenue, après trois semaines d’attente. Un arrêté publié au Journal Officiel du 11 juin fixe les nouvelles conditions d’accès aux médicaments innovants contre l’hépatite C. Ce « traitement pour tous » a été annoncé par Marisol Touraine, ministre de la Santé, à l’occasion de la Journée nationale de lutte contre les hépatites virales le 25 mai. L’arrêté paraît juste à temps : les associations de patients commençaient à perdre patience.
6 nouveaux profils de patients
Le texte de loi le précise : il s’agit bien d’élargir les « indications thérapeutiques et conditions de prescription ouvrant droit à la prise en charge ou au remboursement » des nouveaux antiviraux d’action directe (NAAD). Ces traitements innovants indiqués contre l’hépatite C permettent d’améliorer considérablement le pronostic pour les patients infectés : 90 % des personnes qui les prennent n’ont plus de virus détectable dans l’organisme.
Sofosbuvir, daclastavir, siméprévir et autres associations médicamenteuses pourront désormais être prescrits à davantage de patients, selon les termes de l’arrêté. Jusqu’ici, 30 000 malades en ont bénéficié sur les 500 000 porteurs d’une hépatite. Ce nombre correspond aux stades les plus avancés de la fibrose, causée par l’infection. Grâce au texte, les médecins auront la possibilité de prescrire ces antiviraux à des patients de stade moins avancé (F2), en attente de transplantation hépatique, en hémodialyse ou encore à risque élevé de transmission du virus – comme les usagers de drogue injectable. Au total, ce sont 6 profils qui ont été ajoutés.
Les associations en colère
Avec cet arrêté, la ministre de la Santé prend du retard dans son calendrier, qu’elle souhaitait rapide. La Haute Autorité de Santé (HAS) a bien saisi la balle au vol et rendu un avis favorable le lendemain du discours du 25 mai. Mais entre temps, l’association SOS Hépatites a fait part de sa colère. La ministre avait annoncé un délai de quelques jours. « Nous sommes à plus de deux semaines de votre déclaration et toujours aucun arrêté n’est paru au journal officiel, dénonce le président Pascal Mélin dans une lettre ouverte. Cette situation d’attente continue d’engendrer un marché parallèle de médicaments particulièrement inquiétant. »
Reste maintenant à renégocier les prix de ces médicaments, qui restent très élevés. Marisol Touraine a annoncé avoir saisi le Comité économique des produits de santé (CEPS) en ce sens. Car le coût d’une cure total est astronomique pour la Sécurité sociale : 12 semaines de sofosbuvir nécessitent une dépense de 40 000 euros par patient.