Une avancée conséquente qui devrait soulager des milliers de malades. Présentée au congrès annuel de l’European League Against Rheumatism (EULAR), une étude, menée par l’équipe du Dr Jerôme Avouac de l’hôpital Cochin (Paris), montre les effets bénéfiques de l’oestrogène, hormone féminine, dans le traitement de la sclérodermie systémique. Autre résultat intéressant, ces travaux expliquent également pourquoi la maladie touche en majorité les femmes - après leur ménopause - et pourquoi sa forme est plus sévère chez les hommes.
La sclérodermie systémique, appelée ScS, est une maladie auto-immune particulièrement rare. Elle se caractérise par une affection généralisée des artérioles, du tissu conjonctif et des microvaisseaux. Cette maladie atteint principalement les poumons, le cœur ou encore l’appareil digestif. Elle provoque une production anormale de collagène, donnant à la peau un aspect gonflé. Sa prévalence est estimée à 1 pour 6 500 adultes. L’atteinte cutanée peut, chez certains patients, se limiter principalement à la face et aux extrémités. Cependant, chez d’autres, la progression de la maladie est très rapide, avec parfois un épaississement de la peau allant au-delà des extrémités, impliquant parfois les organes internes. Jusqu’à maintenant, aucun traitement sans effets indésirables toxiques n'avait prouvé son efficacité. La découverte des bénéfices de l’œstrogène s’inscrit donc dans une avancée thérapeutique majeure.
Des résultats concluants
Pour obtenir ces résultats, les chercheurs ont évalué l’effet de l’œstrogène dans le développement de la maladie chez les souris. Un premier groupe a bénéficié d’une délivrance normale d’oestrogène et un deuxième groupe, lui, s’est vu prescrire du tamoxifène, un traitement qui bloque l’action de l’oestrogène. Les résultats ont montré que l’inhibition de l’oestrogène avait significativement aggravé le processus de fibrose de la peau.
Dans une seconde expérience, des fibroblastes, prélevées sur la peau de patients atteints de ScS ont été stimulées par la cytokine, qui entraîne les fibrose. Ensuite, les fibroblastes ont été incubées avec différentes concentrations d’oestrogène. Réitérant leur première évaluation, les chercheurs ont observé, une nouvelle fois, que l’hormone a considérablement ralentie la fibrose. « La prochaine étape consistera à enquêter sur le rôle potentiel des thérapies hormonales dans le traitement de la sclérodermie systémique », conclut le Dr Jerôme Avouac, principal auteur de l’étude.