La maladie, aussi rentable que l’immobilier et le pétrole. Avec sa dernière campagne, Médecins du Monde (Mdm) frappe fort. Sa cible : les industriels du médicament et les prix qu’ils pratiquent. L’association, qui lance une pétition, prévoit aussi trois semaines d’affichage dans l’espace public. Mais ses slogans fracassants ont effrayé plusieurs afficheurs, qui ont décliné l’offre. Le syndicat Les entreprises du médicament (Leem) fait de son côté entendre sa colère et dénonce des « propos caricaturaux et outranciers ».
Des coûts qui explosent
« Le cancer du sein, plus il est avancé, plus il est lucratif. » Avec ses 10 affiches, MdM harponne clairement l’industrie pharmaceutique. Au cœur de ses préoccupations, le coût croissant des médicaments innovants dans le traitement du cancer ou encore des hépatites. Il faut dire qu’avec le vieillissement de la population, la facture explose pour les finances publiques : le poste médicament représente 28 milliards d’euros de dépenses par an.
MdM s’en prend donc aux industriels, mais aussi à l’Etat qui n’a pas assuré sa mission de régulation des prix. L’association utilise pour cela un exemple criant : le Sovaldi, qui coûte 89 € de production, nécessite une dépense de 41 861,40 € pour une cure de 12 semaines. Le constat est le même avec les anticancéreux les plus récents. « Jamais de tels écarts entre les coûts de production et de recherche et développement n’avaient été atteints dans notre pays », constate Médecins du Monde.
Des accusations « injurieuses »
Le Leem ne cache pas son indignation face à cette nouvelle campagne. Il faut dire qu’après la pétition de la Ligue contre le cancer, déjà peu élogieuse, cette dernière action représente la proverbiale goutte d’eau qui fait déborder le vase. « Imaginer que les entreprises du médicament spéculent sur l’aggravation de certaines maladies comme le cancer du sein n’est pas seulement injurieux pour les industriels, il est également particulièrement choquant et irrespectueux pour les millions de personnes qui se battent quotidiennement contre la maladie », s’étrangle le syndicat dans un communiqué.
L’organisme avance ensuite une défense point par point face aux accusations de l'ONG, à commencer par le prix des molécules innovantes. Celles-ci représentent une bonne nouvelle pour les patients, mais un défi pour le système de santé, à en croire le syndicat. Il appelle donc à une réforme en profondeur du système de santé, afin de favoriser la prise en charge des patients. « Au regard de ces enjeux majeurs, la question du prix des médicaments innovants ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt », tranche le Leem.
Licence générique réclamée
Le syndicat souligne enfin que le prix des médicaments est fixé après négociations avec le Comité économique des produits de santé (CEPS), qui prend en compte le bénéfice thérapeutique mais aussi les coûts de recherche et la durée de mise au point. Le communiqué n’oublie pas de faire un pas dans le sens de Médecins du Monde en conclusion et propose une alignement de « la progression de l’enveloppe des médicaments remboursés au niveau de celui de l’ONDAM. » L’objectif est de garantir un accès aux molécules innovantes à tous les patients sans déséquilibrer le budget de la Sécurité sociale.
De son côté, Médecins du Monde réclame l’application du Code de la propriété intellectuelle, qui permet d’accorder une licence générique aux médicaments dont les prix sont « anormalement élevés ».