Un tiers des personnes souffrant de polyarthrite rhumatoïde se plaignent de troubles sexuels, selon une étude colombienne présentée à Londres la semaine dernière au Congrès annuel de la Ligue européenne contre le rhumatisme (EULAR). Les patients encore actifs sexuellement ont en effet rapporté un manque de libido, des douleurs lors des rapports sexuels (aussi appelé dyspareunie), des troubles de l’orgasme, des éjaculations prématurées, un ensemble de troubles qui concourt ainsi une vie sexuelle insatisfaisante.
« La sexualité est une importante composante de notre vie. Ainsi, les troubles sexuels peuvent nuire gravement à la relation de couple , relève le Dr Pedro Santos-Moreno du Centre de la polyarthrite rhumatoïde de Bogota et responsable de ces travaux. Il est donc assez surprenant que jusqu’à présent très peu de recherches ont été publiées sur les désordres sexuels chez les patients souffrant de polyarthrite rhumatoïde alors même que ces troubles sont fréquents ».
Les médecins colombiens ont alors souhaité décrire les différents facteurs pouvant influencer ou aggraver les troubles sexuels chez ces malades. Pour cela, ils ont interrogé près de 1 300 patients âgés en moyenne de 55 ans, dont 80 % de femmes. Il ressort de ces entretiens qu’ils existe bel et bien un lien entre l’abstinence sexuelle et la présence de la maladie. En effet, plus de 30 % des hommes et 40 % des femmes indiquent ne plus avoir de vie sexuelle.
Dégradation de l'image corporelle
Les chercheurs se sont donc appliqués à identifier les raisons de ces troubles. Ils en conclut qu’ils sont de 3 ordres : les facteurs déclenchant une inactivité sexuelle, les facteurs prédisposant aux troubles sexuels et ceux qui participent au maintien de ces problèmes.
Chez les femmes et les hommes atteint de cette maladie articulaire, l’insécurité lors des rapports sexuels du fait d’une mauvaise estime de soi est le principal facteur déclenchant une dysfonction sexuelle (respectivement 32 % et 16 %). L’infidélité était également un élément important conduisant les patients à ne plus avoir de relations sexuelles avec leur partenaire (33 % des femmes et 6 % des hommes). Dans une moindre mesure, les troubles physique et biologique mènent également les malades à ne plus avoir de relations sexuelles.
Par ailleurs, les chercheurs indiquent que des facteurs de prédisposition sont également cités par les participants comme la dégradation de l’image corporelle, l’anxiété, l’absence d’attirance sexuelle. Tous ces facteurs semblent également entretenir la présence des troubles et altère leur qualité de vie sexuelle et de couple, souligne l’étude.