Une femme a été infectée par le virus Zika par son compagnon lors d’un rapport sexuel alors qu’il ne présentait aucun symptôme de la maladie. L’infection a également était asymptomatique chez cette dernière. Le couple n’a été diagnostiqué que plusieurs semaines plus tard en se rendant au service de médecine de la reproduction du CHU de Nantes, révèle une étude publiée la semaine dernière dans la revue Eurosurveillance. C’est la première fois qu’un tel cas est rapporté depuis le début de l’épidémie.
L’équipe du Dr Thomas Fréour a rencontré le couple pour la première fois au début du mois de février 2016 pour réaliser une fécondation in vitro (FIV) deux mois plus tard. Avant d’entamer cette longue procédure, le couple décide de partir en vacance pendant 2 semaines en Martinique début mars. Dans ce département français d’Amérique, l’épidémie de Zika bat son plein, avec plus de 12 600 personnes infectées.
C’est d’ailleurs à ce moment-là que les autorités sanitaires françaises recommandent de « différer les dons de gamètes et les prises en charge en PMA (procréation médicalement assistée) sur une période de 28 jours après le retour de la zone à risque », ainsi que la réalisation d’un dépistage avant le don ou la prise en charge en PMA. Ainsi, comme le prévoit ces préconisations, l’équipe du CHU de Nantes a analysé des prélèvements de sperme, d’urines et de sang réalisés chez l’homme ainsi que des échantillons sanguins et d’urine de la femme. Ces examens ont été effectués fin avril, soit 39 jours après le retour de Martinique.
Infectée 3 semaines après son partenaire
Les résultats révèlent que le couple est infecté par le virus Zika. En effet, leurs échantillons d’urine sont tous deux positifs. De même, des traces du virus sont retrouvées dans le sperme de l’homme et des anticorps dirigés contre le virus sont détectés dans son sang. Du côté de sa compagne, le virus est également retrouvé dans son sang. Pourtant, aucun des deux partenaires n’a présenté de signes évoquant la fièvre Zika durant le séjour aux Antilles ou depuis leur retour en France.
Etant donnée que le moustique Aedes, principal vecteur du virus Zika, n’a jamais été signalé en Bretagne, l’hypothèse d’une transmission par voie sexuelle a immédiatement été suggérée. Les médecins supposent alors que l’homme a été infecté lors de son séjour en Martinique puis a contaminé sa femme en France car le virus n’est plus présent dans son sang, alors qu’il est encore décelable chez sa compagne. En outre, le couple rapporte avoir eu des relations sexuelles non protégés à plusieurs reprises entre le 21ème et 36ème jours après leur retour.
Les auteurs rappellent que plus de 80 % des personnes infectées par Zika ne présentent pas de symptômes, et ajoutent que le virus peut persister dans le sperme pendant au moins 62 jours. Sans signe apparent, les hommes contaminés sont donc plus susceptibles d’avoir des rapports sexuels non protégés, ce qui favorise la propagation de ce virus. « Ce risque de transmission inapparent est préoccupant pour les femmes enceintes et celles désirant un enfant, notent les auteurs. Il met en lumière le besoin de renforcer les recommandations faites aux hommes voyageant dans les régions endémiques. La possibilité de transmettre le virus Zika par des cas asymptomatiques augmente le risque d’émergence du virus en Europe dans des zones où le moustique Aedes albopictus et Aedes aegypti sont présents ».