A l’époque où les femmes aspirent à l'égalité au travail, elles sont prêtes à se dévouer corps et âme pour réussir, quitte à mettre leur santé en danger. En effet, les femmes qui travaillent plus de 60 heures par semaine depuis des années payent un lourd tribut. Cancer, arthrite, diabète ou maladie cardiovasculaire… Toutes ces maladies sont favorisées par ces semaines de travail sans fin, révèle une étude parue ce jeudi dans le Journal of Occupational and Environmental Medicine.
Les chercheurs de l’université de l’Ohio (Etats-Unis), en collaboration avec la Mayo Clinic, ont suivi pendant 32 ans plus de 7 500 hommes et femmes nés entre 1957 et 1964. Durant ces 3 décennies, les participants ont été soumis à des questionnaires sur leur état de santé ainsi que leurs conditions de travail.
Trois fois plus de risques
Plus de la moitié des volontaires ont rapporté travailler en moyenne entre 41 et 50 heures par semaine. Environ 10 % travaille plus de 50 heures, et 3 % plus de 60 heures hebdomadaires en moyenne. Des périodes de travail intense qui pèsent lourd sur la santé des salariés puisqu’elles peuvent induire du stress, des troubles du sommeil et digestifs, ainsi qu’une fatigue importante.
Mais ces longues semaines de travail affectent également la santé sur le long terme en favorisant l’apparition de maladies chroniques. « Chez les femmes, en particulier celles qui doivent jongler entre plusieurs rôles, le travail trop intensif fait le lit de nombreuses pathologies », affirme le Pr Allard Dembe, spécialiste en santé publique et responsable de ces récents travaux.
Un lien clair est en effet mis en évidence entre une durée du travail trop importante et l’apparition de cancer, diabète ou maladie cardiovasculaire chez les femmes qui travaillent plus de 40 heures par semaine. Et plus les femmes travaillent longtemps, plus les risques augmentent. L’étude montre ainsi que travailler plus de 60 heures hebdomadaires pendant 30 ans triple le risque de toutes ces maladies.
Des hommes épargnés
En revanche, les hommes semblent beaucoup mieux supporter une importante charge de travail. S’ils leurs risques d’arthrite augmentent, il n’en est rien concernant le cancer ou les maladies cardiovasculaires. Mieux encore, ceux qui travaillent entre 41 et 50 heures par semaine ont moins de risques de pathologies cardiaques, maladies pulmonaires et de dépression que les hommes travaillant 40 heures ou moins.
Pour les auteurs, les entreprises et les décideurs devraient prendre conscience de ces effets des longues heures de travail, en particulier sur les femmes qui sont les vulnérables. En appelant à plus de flexibilité, le Pr Allard Dembe rappelle que les sociétés pourraient faire des bénéfices en ayant des salariés en meilleure forme et en bonne santé.