La France demande à la Commission européenne de revoir sa copie. Ni la ministre de l’environnement, Ségolène Royal, ni la ministre de la Santé, Marisol Touraine, ne sont convaincues par la définition des perturbateurs endocriniens proposée par la Commission. Toutes deux considèrent qu’il faut « aller plus loin » et proposer « une version plus protectrice de la santé et de l’environnement ».
Ces substances chimiques, à l’instar du fameux bisphénol A, modifient le comportement des hormones produites par l’organisme et altèrent les fonctions du système endocrinien. Elles sont suspectées d’induire de lourdes pathologies comme l’obésité, des troubles de la fertilité, puberté précoce, cancers. Dès lors, on perçoit à quel point il était crucial de les définir précisément pour être en mesure de les interdire.
Disparition du principe de précaution
C’était justement la mission de la Commission européenne. Après 6 ans d’expertises, ces membres ont retenu 3 critères, qui devront être réunis, pour définir un perturbateur endocrinien dans le domaine des pesticides : la substance devra avoir un effet avéré sur la santé humaine, elle devra également présenter un mode d’action endocrinien et le lien entre l’effet indésirable et le mode d’action devra être connu. Avec ces défintions, toutes les substances suspectées d’appartenir à la catégorie d’un perturbateur endocrinien pourront être commercialisées.
Et c’est bien cela que conteste le gouvernement français aujourd’hui. Les ministres de la Santé et de l’Environnement n’admettent pas la disparition du principe de précaution. « La France appelle à l’adoption d’une définition incluant également les perturbateurs endocriniens présumés ou suspectés, ce qui permettra d’anticiper et d’initier des démarches de prévention avant que toutes les confirmations scientifiques soient disponibles », explique-t-on au ministère de l’Environnement.
En outre, Ségolène Royal s’oppose à la modification du règlement relatif aux produits phytopharmaceutiques permettant « de réviser les dérogations possibles, ce qui est contraire à la position que la France exprime depuis plusieurs mois ».
Retour en arrière
Du côté du ministère de la Santé, on s’inquiète du retour en arrière que pourrait provoquer ce texte, si celui-ci était voté. « Dans la loi de modernisation de notre système de santé, en avance sur les décisions réglementaires de l’Union européenne, l’interdiction du bisphénol A a été étendue aux jouets pour enfants. Si la proposition de la commission européenne était adoptée en l’état, ces interdictions pourraient être remises en cause », assure-t-il.
« L’Europe est dans un moment de prise de conscience forte et collective de l’impact de l’environnement sur la santé. Il faut transformer l’essai. La France se battra pour une Europe protectrice de la santé de tous ses citoyens et pour aller plus loin encore », a déclaré Marisol Touraine après avoir exprimé la position de la France au Conseil des Ministres de la Santé de l’Union européenne ce vendredi matin.