L’utilisation des téléphones mobiles dans les hôpitaux fait l’objet d’une circulaire depuis 1995. Ce texte alerte sur les risques d’interférences des champs électromagnétiques émis par les portables avec les dispositifs médicaux. Il invite donc les établissements de santé à informer leur personnel et les patients de ce danger potentiel et insiste sur la nécessité d’éteindre son téléphone mobile dans les services de soins.
Malgré ces recommandations, l’usage des téléphones mobiles est devenu banal au sein des hôpitaux, que ce soit par les professionnels de santé (appels d’urgence, alarmes…), les patients ou leurs familles. Dans ce contexte, l’Anses (1) a produit lundi un avis sur les risques potentiels de perturbation électromagnétique des dispositifs médicaux exposés à des radiofréquences.
Les travaux de l’Agence
L’expertise de l’Anses a porté sur les dispositifs médicaux électriques et électroniques utilisés dans les services de soins hospitaliers, ainsi que sur les dispositifs médicaux implantables actifs (pacemaker, neurostimulateur, etc) utilisés en dehors de ces services.
Compte tenu de l’extrême diversité des sources de champ électromagnétique (caractéristiques fréquentielles, de puissance, de signaux, etc) et des dispositifs médicaux électroniques, « il n’est pas possible de définir une règle unique concernant une distance minimale à respecter (...), applicable à toutes les situations », conclut tout d'abord l'Anses.
Zones d’usage autorisé, limité ou interdit
Ainsi, l’Agence fait du cas par cas. S’agissant des patients, visiteurs et personnels médicaux utilisant les téléphones mobiles pour des raisons personnelles, « les téléphones mobiles devraient être éteints dans les lieux comportant des dispositifs électromédicaux à fonction critique ou servant au maintien de la vie (unités de soins intensifs, blocs opératoires, néonatalogie, services d’urgence, etc), ainsi qu’à proximité des lits de patients connectés à des dispositifs électromédicaux », recommande-t-elle.
Concernant les personnels médicaux utilisant leur téléphone mobile pour des raisons professionnelles, elle conseille de ne pas passer les appels téléphoniques à proximité d’appareils électromédicaux.
Dispositifs médicaux implantables actifs
Par ailleurs, l’Agence indique aux porteurs de dispositifs médicaux implantés actifs (implants cardiaques, stimulateurs cardiaques, etc) de veiller à éloigner les sources d’exposition les plus fortes (téléphones mobiles) de leur dispositif.
« Il conviendrait également de former les acteurs de la chaîne de soins (fabricants de matériels médicaux, professionnels de santé) afin qu’ils relaient ces messages auprès des patients et de leur entourage, et en particulier les précautions d’usage recommandées par les fabricants », ajoute l'Agence.
Enfin, elle estime qu’au même titre que les praticiens hospitaliers, « les professionnels de santé, qui utilisent des électrostimulateurs (kinésithérapeutes par exemple), devraient bénéficier de formations leur permettant d’ analyser le bénéfice / risque pour les patients lié à la pratique de certains soins ou de diagnostic impliquant la mise en présence d’un dispositif médical implanté actif et d’un émetteur radiofréquences ».
(1) L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail