L'épidémie se profile, la polémique avec. La kinésithérapie respiratoire ne serait pas efficace pour soigner la bronchiolite. C'est la conclusion de la revue médicale Prescrire qui se base sur l'actualisation d'une synthèse de 9 études. Elle a été réalisée par le Groupe du Réseau international Cochrane et porte sur 891 nourrissons hospitalisés. En comparant les bébés qui avaient subi une kiné respiratoire avec ceux qui n'en avaient pas eu, l'étude montre qu'il n'y a acune différence entre les deux groupes en termes d'évolution clinique, d'oxygénation du sang ou de fréquence respiratoire. La durée de la maladie est la même: 13 jours.
Alors que de nombreux parents vont être confrontés dans les prochaines semaines à une bronchiolite de leur bébé -30% des nourrissons de moins de deux ans sont touchés - ces conclusions pour le moins surprenantes posent plusieurs questions. Les réponses des spécialistes
La bronchiolite, c'est quoi ? La bronchiolite est une infection virale des bronches les plus petites, les bronchioles, qui amènent l’air tout au fond des poumons. Elle s’observe chez l’enfant de moins de deux ans et surtout chez le nourrisson de moins de six mois. Dans plus de 80 % des cas, la bronchiolite est due au virus respiratoire syncitial (VRS) qui se transmet par l’intermédiaire des gouttelettes expulsées par la toux et les éternuements, mais aussi par l’intermédiaire des mains ou d’objets contaminés.
Les symptômes Une bronchiolite commence comme une simple rhinopharyngite, avec une légère fièvre, un nez qui coule et une toux sèche. Le nourrisson présente ensuite une gêne respiratoire. Il est agité et repousse ses biberons. Ses bronches sont encombrées par des sécrétions qu’il n’arrive pas à évacuer.
Est-ce grave ? La plupart du temps, la bronchiolite évolue sans complications et les difficultés respiratoires disparaissent spontanément en quelques jours. Néanmoins, certains enfants sont durablement gênés ou présentent des récidives fréquentes. Une fièvre élevée, une otite ou des sécrétions purulentes doivent alerter sur une possible surinfection bactérienne qui nécessite l’administration d’antibiotiques. Dans 1% des cas, l'enfant doit être hospitalisé suivant des critères bien précis élaborés avec la Haute autorité de santé.
A quoi sert la kinésithérapie ? La désobstruction des voies aériennes et le désencombrement par accélération du flux expiratoire permettent de retrouver une respiration libre avec une amélioration de l'alimentation et du sommeil. Quelques séances suffisent à retrouver un bon état respiratoire et à écarter la menace de l'hospitalisation.
La kiné est-elle dangereuse ? Lorsque le kinésithérapeute appuie sur le thorax de l'enfant, de nombreux parents se demandent si l'enfant ne souffre pas et si ce geste est dangereux. La synthèse rapportée par la revue Prescrire fait état d'effets indésirables comme des vomissements, des douleurs et des fractures de côtes (une cas sur 1.000 nourrissons traités). Un autre travail réalisé en janvier 2009 par des kinésithérapeutes lyonnais faisait état d'un risque de fracture dans un cas sur 4103 séances.
Mais pour la revue, Prescrire, il vaut mieux éviter cette épreuve au bébé.
Ce qu'en pensent les spécialistes. Les médecins en exercice sont moins tranchés. Certains dénoncent le biais méthodolgoque de cette synthèse. Elle ne porte que sur une infime partie des nourrissons, c'est-à-dire ceux qui nécessitent une hospitalisation.
Pour Le Dr Jacques Cheymol, pédiatre à Clichy, les séances de kiné présentent deux intérêts: "elles permettent aux enfants d'éviter l'hospitalisation et aussi de suivre l'évolution de la maladie avec un personnel paramédical. Quant aux effets indésirables comme les vomissements, le Dr Cheymol recommande de pratiquer les séances avant les repas.
Ecouter le Dr Jacques Cheymol, pédiatre à Clichy (92): "Ces séances permettent d'éviter des engorgements trop importants"
Le Pr Brigitte Fauroux, pneumologue-pédiatre à l'hôpital Armand Trousseau à Paris, confirme les conclusions de l'étude Prescrire et insiste sur le fait que la France est le seul pays à prescire de la kiné respiratoire. Or, selon elle, elle doit rester exceptionnelle. Car, si les séances servent à éliminer des bronches les sécrétions, la grande majorité des enfants y parvient seule.
Ecouter le Pr Brigitte Fauroux, pneumologue-pédiatre à l'hôpital Armand Trousseau (Paris) : "La kiné doit rester exceptionnelle".
L'accent sur la prévention. L'Institut national de la prévention et d'éducation pour la santé insiste sur les conseils d'hygiène élémentaires pour limiter les risques de contamination: se laver régulièrement les mains, porter un masque chirurgical pour s'occuper d'un bébé et ne pas l'embrasser lorsqu'on est malade, se couvrir la bouche pour éternuer et tousser et veiller à une aération correcte de la chambre tous les jours.