Le risque d’insuffisance cardiaque à la cinquantaine chez les hommes serait directement lié à la corpulence à l’adolescence, révèle une vaste étude suédoise publiée la semaine dernière dans l’European Heart Journal. Elle montre que les jeunes hommes souffrant d’obésité à 18 ans ont 10 fois plus de risque d’être hospitalisés pour une insuffisance cardiaque que les autres.
Pour parvenir à cette conclusion, une équipe de l’université de Göteborg a suivi plus d’1,6 million d’hommes âgés de 18 ans au début de l’étude durant 5 à 42 ans. Les chercheurs ont collecté des informations sur leur poids, leur état de santé, calculé leur IMC (indice de masse corporelle), et examiné son évolution au cours du temps. Au cours du suivi, près de 5 500 participants ont été admis à l’hôpital pour insuffisance cardiaque.
L'obésité multiplie les risques par 10
Les chercheurs ont découvert alors que le risque de cette pathologie cardiaque « augmente brusquement à un poids normal puis est décuplé chez les patients obèses à l’adolescence. » Les scientifiques ont été très surpris de voir que le risque d’insuffisance cardiaque croît lorsque l’IMC est compris entre 18 et 25 à l’adolescence. Ce dernier augmente ensuite de 16 % à chaque unité d’IMC. Ainsi, dès que l’IMC dépasse 30, soit le seuil de l’obésité, le risque est multiplié par 10, et ce malgré la prise en compte de facteurs de risques de la maladie comme la pression artérielle.
« Nos résultats mettent en lumière l’importance du poids à l’adolescence, et indiquent la nécessité de maintenir un poids santé dès le plus jeune âge pour prévenir l’apparition de cette maladie, explique le Dr Annika Rosengren, professeur de médecine à l'Académie Sahlgrenska et responsable des travaux. Etant donné le nombre croissant d’adolescents en surpoid ou obèses, nos résultats suggèrent que l’insuffisance cardiaque, qui apparaît aux alentours de 47 ans en moyenne, pourrait devenir une menace majeure de santé publique ».
Prévenir la prise de poids
Les chercheurs reconnaissent toutefois que ces travaux devront être poursuivis, car ces résultats ne sont applicables qu’aux hommes. Pour les femmes, aucune conclusion ne peut être tirée de ces travaux. Reste que le surpoids et l’obésité sont des facteurs reconnus de l’insuffisance cardiaque.
Dès lors, les auteurs soulignent l’importance de mettre en place des mesures de prévention pour ralentir la progression de l’épidémie d’obésité. Lutter contre la sédentarité et la mauvaise alimentation sont les principales actions à engager auprès des jeunes.