Le constat est alarmant. Près de 9 millions de personnes en France sont fortement exposées au bruit des transports au quotidien. Qu'il s'agisse des voitures, des trains ou des avions, tous polluent notre quotidien. Si bien qu'un Français sur deux se dit gêné au quotidien. Mais au-delà des personnes, le bruit poursuit son onde de choc sur les finances de la France. C'est ce que montre une étude menée par le cabinet EY rendue publique il y a quelques jours.
Les auteurs estiment que le coût sur la santé du bruit des transports en France s'élève à environ 11,5 milliards d’euros chaque année : 89 % imputables au trafic routier, 9 % au trafic ferroviaire et 2 % au trafic aérien.
Les troubles du sommeil représentent l’impact le plus fort (54 % du coût total sur la santé), devant la gêne (40 %) et les maladies cardiovasculaires (6 %). « Il est à noter que les effets du bruit en termes de maladies cardiovasculaires se sont limités à la quantification des impacts de l’exposition au bruit routier, ce qui est un facteur de sous-estimation probablement important », soulignent les chercheurs. Pas de quoi rassurer...
La perte de valeur immobilière
Par ailleurs, le bruit impacte également la valeur des biens. Ici, la perte est estimée à près de 7,1 milliards d’euros de décote annuelle sur le parc immobilier résidentiel en France. Mais les chefs d'accusation ne s'arrêtent pas là.
En milieu professionnel comme scolaire, le bruit est accusé de provoquer des pertes économiques « bien plus conséquentes » que les estimations passées. Dans ces travaux, les auteurs évoquent la somme de 1,7 milliard d’euros de pertes de productivité au travail. Elle est due à une baisse de performance dans les tâches cognitives, mais aussi à la dégradation de la satisfaction au travail, et à la perte de concentration. A l'école, les troubles de l'apprentissage atteindraient les 300 millions d’euros à cause du bruit.
Du côté des pathologies à risque, une revient sans cesse : la surdité professionnelle. Son coût social peut être estimé à 85 millions d’euros chaque année. C'est moins que le coût social des accidents du travail liés au bruit (masquage des signaux d’alerte, détournement d’attention) qui peut atteindre 1,1 milliard d’euros. Les auteurs rappellent les résultats d'un récent sondage où les salariés qui travaillent dans le bruit se déclaraient à 80 % fatigués nerveusement (contre 70 % en moyenne). Et 72 % déclaraient avoir un travail physiquement fatigant (contre 47 % en moyenne).
Les bruits de voisinage
Enfin, le bruit de voisinage figure parmi les bruits les plus durement ressentis par les Français. Encore une fois, la gêne, les troubles du sommeil et les autres impacts sur la santé (maladies cardiovasculaires) entraînés par le bruit du voisinage provoqueraient un coût social colossal. De l’ordre de 11,5 milliards d’euros chaque année en France.
Au total, les pollutions sonores pourraient coûter en France environ 57 milliards d’euros chaque année, « avec des inconnues qui justifient d’approfondir les connaissances sur le sujet et qui laissent supposer que ce chiffre est susceptible d’évoluer à la hausse », prédisent les auteurs de l'étude.
Quoi qu'il en soit, le chiffre d'aujourd'hui peut être comparé au budget de l’Education Nationale qui s’élève, lui, à 65 milliards d’euros chaque année. Pas étonnant lorsqu'on sait que Paris est la deuxième ville la plus polluée d'Europe. Ses habitants perdent, en moyenne, 7 mois de vie en bonne santé par rapport aux autres Français. Le coût global du bruit en France correspondrait à 3 % du PIB en 2016.