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QUESTION D'ACTU

Préserver le rituel du repas en famille

La famille est le principal lieu d'apprentissage culinaire dans l'enfance. Comme l'explique le Dr Patrick Serog, nutritionniste, le rituel du repas permet de transmettre des saveurs et des valeurs. 

Préserver le rituel du repas en famille PURESTOCK/SIPA




 

Les repas en famille permettent de donner une identité culinaire mais aussi d'assurer la transmission de valeurs. A cette occasion, l'enfant peut échanger avec les parents et découvrir de nouvelles saveurs. Le Dr Patrick Serog livre "ses recettes" pour persuader l'enfant plutôt que de le contraindre, pour faire preuve de souplesse sans donner de mauvaises habitudes. Comme les bonnes, elles sont durables. 


Pourquoi le rituel du repas familial est-il si important ? 

Peut-on apprendre à un enfant à aimer un aliment qu’il déteste ?   
Faut-il forcer l’enfant ?
En quoi le fait de manger en famille réduirait-il le risque d’obésité ?  
Manger devant la télé ?         
Comment l'école peut-elle prolonger la transmission familiale ?
Les fast-foods en famille sont-ils à bannir? 
Comment maintenir le repas familial à l’adolescence ? 
Doit-on conseiller aux parents de cuisiner et de faire les courses avec leurs enfants ?   

Les réponses du Dr Patrick Serog,
médecin nutritionniste à Paris


pourquoidocteur.com :  Pourquoi le rituel du repas familial est-il si important ? 
Dr Patrick Serog : Il va pouvoir donner aux enfants la manière dont on doit se comporter à table et dans la société. On apprend énormément de choses à table, par exemple les manières civiles qui nous permettront plus tard de correspondre avec les autres dans une ambiance agréable et d’échange.


Peut-on apprendre à un enfant à aimer un aliment qu’il déteste ?   
Dr Patrick SerogOui, sous la forme d’un jeu en définissant un aliment qu’il n’aime pas. L’enfant devra uniquement goûter puis donner une note à ce plat qui ira de 0 à 10. Ensuite, on représentera ce plat à l’enfant une quinzaine de fois en l’espace de plusieurs mois et on va garder toutes les notes attibuées. On verra au fil du temps une progression de son goût vis-à-vis de cet aliment et peu à peu il va accepter certains aliments qu’il détestait auparavant.



Et forcer l’enfant... 

Dr Patrick SerogNon, car il va se braquer. En revanche, il faut juste exiger de lui qu’il goûte puis qu’il note. Au début, il n’aimera pas et mettra 0 puis peu à peu se fera la progression.


En quoi le fait de manger en famille réduirait-il le risque d’obésité ?                                                                                                                                                                
Dr Patrick Serog Plusieurs études l'ont démontré  et notamment une étude canadienne. Déjà quand on mange en famille, on regarde moins la télévision. On peut alors faire des repas plus complets; avec la durée, on ressentira le rassasiement. On apprend aussi qu’il y a une succession de plats et qu’il faut prendre son temps entre les plats. Cela permet par exemple d’éviter le grignotage au cours de l’après-midi.


Donc cela exclut de manger devant la télé ?      

Dr Patrick Serog : C’est très mauvais de manger devant la télé car l’image est très captive sur l’attention et on ne saura pas ce que l’on mange. On aura alors beaucoup de mal à avoir la sensation de rassasiement. En fait, on se rassasie d’images mais absolument pas des aliments que l’on avale.



Comment l'école peut-elle prolonger la transmission familiale ?      

Dr Patrick Serog : Ce n’est pas le bon endroit. D'abord, parce qu’on est en groupe social de même âge avec un comportement souvent de compétition. L’atmosphère est bruyante. Ce contexte incite à manger vite car d’autres élèves attendent derrière. De plus, on est confronté à une alimentation qui n’est pas forcément de notre goût. Mais souvent, ça se passe plutôt bien, surtout dans la petite enfance. Les gouvernements ont mis en place ces dernières années des décrets qui ont eu pour conséquence d’offrir à nos enfants une alimentation moins grasse donc meilleure dans les écoles.



Les fast-foods en famille sont-ils à bannir

Dr Patrick Serog : Non, d’abord on peut faire soit même à la maison des hamburgers avec des frites moins grasses que celles que l’on va trouver dans les fast-foods commerciaux. Il faut y aller avec une certaine modération, pas besoin d’y aller tout le temps. Ce qui pose problème le plus souvent, c’est la fréquence car les enfants y vont beaucoup à la sortie de l’école. Dans ce cas, ce n’est pas bon pour leur santé.



Comment maintenir le repas familial à l’adolescence 

Dr Patrick Serog : A cette période il y a un rejet important de l’adolescent vis-à-vis de l’éducation de ses parents.Cela n’a pas beaucoup d’importance à partir du moment où les parents maintiennent une certaine cohésion familiale avec quelques repas en famille. Tout ce que l'ado apprendra pendant ces repas, il le reproduira plus tard une fois adulte. Les parents doivent également accepter qu’il mange un petit peu dehors. L’adolescence est une période qui permet aux jeunes de s’individualiser et de s’identifier. La période d’apprentissage a été faite avant.



Doit on conseiller aux parents de cuisiner et de faire les courses avec leurs enfants ? 

Dr Patrick Serog : C’est un acte magnifique de transmission. C’est le meilleur moment pour les parents de transmettre leurs habitudes alimentaires, leurs goûts et leurs pensées sur l’alimentation. Pour les enfants qui n‘aiment pas cuisiner, il faut les pousser à décorer la table par exemple. Les enfants seront alors très fiers d’avoir participé à la mise en scène du repas familial.


Propos recueillis par Bruno Martrette

 

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