Contre les médicaments chers, il existe des solutions. Tel est le message répété une nouvelle fois par le CISS, qui souhaite prendre le contre-pied des attaques lancées à l’encontre de l’industrie pharmaceutique sur le prix des médicaments. Le collectif d’associations de patients ne veut pas « jeter l’opprobre sur l’industrie du médicament », accusée par beaucoup de réaliser des marges indécentes. Au contraire, il s’agit de « comprendre les ressorts, trop souvent opaques, de l’envolée des prix des traitements innovants ».
C’est un fait : le prix des médicaments menace de « saper les fondements de notre système de santé ». « Les grands équilibres de nos comptes sociaux sont dès aujourd’hui en péril », prévient dans un communiqué le CISS, qui soulève plusieurs propositions afin de pérenniser notre système de soins.
Des prix plus transparents
Première option : « mettre en place, en toute transparence, un nouveau mécanisme de fixation des prix des médicaments innovants, non plus basé sur leur seule « valeur thérapeutique », mais incluant également le critère de coût (recherche, développement, production, commercialisation), suivi en vie réelle…) ».
Aujourd’hui, ces critères ne sont pas retenus lors de la fixation du prix. Or, « il n’est pas acceptable que les laboratoires obtiennent des prix et des marges exorbitants pour leurs molécules innovantes, et ce sans rapport avec les coûts réels qu’ils supportent ».
Selon l’analyse du Ciss, qui rejoint celle de nombreuses ONG et associations, l’industrie du médicament a « progressivement privilégié une approche hautement spéculative de la santé », fondée sur des lois du marché qui semblent implacables. Pourtant, « l’Assurance maladie solidaire n’a pas vocation à générer, encore moins sans transparence, des rentes financières élevées au profit des firmes pharmaceutiques ».
Des soins plus pertinents
Pour sauver notre système d’une future faillite, le Ciss propose d’agir sur un autre levier, la pertinence des prescriptions médicamenteuses. Ainsi, il conviendrait de lutter contre « la sur-médicalisation, les prescriptions systématiques des molécules les plus récentes et les plus onéreuses, les soins redondants à l’hôpital comme en ville, les soins inappropriés. Et ce d’autant plus que ces mésusages, excès et non pertinences peuvent avoir des conséquences graves sur la santé et coûteuses pour la collectivité ».
Réduire le nombre de prescriptions non pertinentes permettrait de « libérer des financements nécessaires au développement et à l’accès à l’innovation thérapeutique », assure le CISS, qui souhaite placer cette problématique au cœur de la campagne présidentielle.
Les candidats devraient ainsi « se positionner clairement sur ces enjeux qui ne doivent pas seulement être considérés au regard de leurs conséquences sur l’attractivité économique et financière de notre pays. Le marché du médicament recèle une bonne dose d’éthique à ne pas négliger si l’on tient encore à ce que le produit de la recherche profite à tous ».
Se « libérer des caricatures »
Mise en cause à travers une campagne choc de Médecins du Monde, l’industrie pharmaceutique représentée par le Leem a souhaité réagir. « Imaginer que les entreprises du médicament spéculent sur l'aggravation des maladies comme le cancer est injurieux pour notre industrie et pour nos 100 000 salariés en France », écrivent les auteurs d’un communiqué.
« Le débat sur les coûts de l'innovation est légitime. Mais les enjeux doivent être exposés de façon transparente, les solutions débattues objectivement avec l'ensemble des acteurs. Il est temps de nous libérer des caricatures », insiste le Leem. Et d’ouvrir les discussions pour de bon, au lieu de mener chacun de son côté des campagnes et contre-campagnes…