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Environnement, pesticides, tabagisme

Parkinson : le nombre de cas a explosé en 30 ans

Par Audrey Vaugrente

La maladie de Parkinson a progressé de manière alarmante en 30 ans. Le nombre de cas diagnostiqués par an est passé de 40 à 56 pour 100 000 personnes suivies.

Barabasa/epictura

La maladie de Parkinson se fait de plus en plus présente. Une équipe de la Mayo Clinic (Rochester, Minnesota, Etats-Unis) a suivi pendant 30 ans les dossiers médicaux d'un comté des Etats-Unis. Elle révèle, dans le JAMA Neurology, que le nombre de personnes diagnostiquées chaque année a bel et bien progressé, et ce de manière alarmante. La publication contredit d'autres travaux qui avaient suggéré une stagnation de la maladie et jette de nouvelles pistes sur les causes des symptômes.

L'avancée des pesticides

Avant de parvenir à ces conclusions, les chercheurs ont utilisé les données fournies par le Rochester Epidemiology Project. Ils ont ainsi pu passer en revue les dossiers médicaux complets des habitants du comté d'Olmsted, dans le Minnesota. De cette analyse sont ressortis 1 000 patients dont le parkinsonisme était avéré. « Le parkinsonisme est un terme générique qui inclut la maladie de Parkinson et d'autres troubles, explique Rodolfo Savica, principal auteur de l'étude. Le diagnostic de parkinsonisme exige la présence d'une lenteur des mouvements et au moins un autre symptôme – un tremblement au repos, une rigidité musculaire ou une tendance à chuter. »

Ce syndrome s'est fait de plus en plus fréquent avec les années, au vu des résultats. Sur la période 1976-1985, 38,9 diagnostics ont été posés pour 100 000 personnes-année. Lors de la période 1996-2005, l'incidence était de 55,9 cas pour 100 000 personnes-année. Une hausse qui peut s'expliquer par l'exposition différente aux facteurs de risque que peuvent être le tabagisme ou les pesticides mais aussi par un meilleur diagnostic.

Mais pour Rodolfo Savica, l'évolution n'est pas uniquement liée à la prise de conscience. « Des preuves suggèrent qu'il y a une réelle hausse du risque de maladie de Parkinson, estime-t-il. Nous savons que les agents environnementaux, comme les pesticides ou le tabagisme, ont changé vers la fin des années 1970. »

L'effet protecteur du tabac

Les hommes sont particulièrement touchés par la maladie. Ce sexe, déjà plus concerné par les symptômes parkinsoniens, est 17 % plus à risque de parkinsonisme pour chaque décennie qui s'écoule et 24 % plus à risque de maladie de Parkinson. Après 70 ans, la tendance est encore plus marquée : la probabilité de développer Parkinson est accrue d'un tiers. Les femmes, elles, semblent épargnées.

Certaines tranches d'âge sont également plus exposées que d'autres : le diagnostic survient plus souvent chez les hommes et femmes nés entre 1915 et 1924. Ils pourraient donc avoir été exposés in utero à certains facteurs de risque ou très tôt dans leur vie. Honglei Chen, de l'Institut national pour les sciences environnementales, avance une autre explication dans un éditorial associé. Plusieurs travaux ont établi un lien protecteur entre la consommation de tabac et la maladie de Parkinson.

Mais le débat qui a été lancé n'est toujours pas résolu, notamment à cause des effets délétères de la cigarette et de la faible présence de la pathologie. Aux yeux de l'éditorialiste, cette étude « peut offrir une preuve indirecte de la causalité : l'augmentation de l'incidence de Parkinson peut découler du recul du tabagisme au cours des 50 dernières années ». Et pour cause : les hommes, davantage fumeurs, sont plus nombreux que les femmes à avoir arrêté de fumer.