L'hérédité est souvent invoquée pour justifier la corpulence des enfants. Mais elle n'est pas seule en cause. L’environnement social jouerait aussi un rôle. C’est ce que démontre une étude récente menée sur 8 774 enfants afin de mieux comprendre les déterminants de leur indice de masse corporelle (IMC).
Les scientifiques de l'unité Inserm de Toulouse rappellent tout d'abord que cet indice correspond au rapport entre le poids d’un individu et le carré de sa taille (exprimé en kg/m2). Et il n’a cessé de croître ces dernières années s'inquiètent-ils dans un communiqué : + 1,2kg/m2 pour les garçons de 11 ans entre 1946 et 2001 et + 1,7kg/m2 pour les filles entre 1957 et 2012.
La biologie, toujours la biologie
Partant de ce postulat, l'équipe a analysé les données de la cohorte anglaise Millenium. Elle inclut 18 818 enfants nés entre 2000 et 2002 recrutés dès la naissance. Les chercheurs ont eu accès à leur IMC aux âges de 3, 5, 7 et 11 ans, ainsi qu’à l’IMC de leurs parents et à de nombreux paramètres caractérisant leur milieu de vie : catégorie socio-professionnelle, tabagisme maternel pendant la grossesse, heure du coucher, sédentarité...
Première conclusion, en confrontant les IMC des enfants à ceux des parents, les chercheurs ont constaté une association significative entre les deux, tout au long de la vie. L'équipe écrit que l'observation « semble confirmer leur association indéfectible, indépendamment des conditions de vie ». « Cela pourrait s’expliquer par des facteurs biologiques comme le milieu prénatal, le déroulement de la grossesse ou encore la génétique », ajoute-t-elle.
Mais aussi la catégorie socio-professionnelle des parents
Puis les chercheurs ont effectué le même travail en se focalisant sur les facteurs environnementaux. Au-delà de 3 ans, un environnement défavorable est associé à une masse corporelle plus élevée. Et ce lien se renforce au cours de la croissance, jusqu’à 11 ans. Il devient alors très fort, « à tel point que si tous les enfants de 11 ans vivaient dans un environnement favorable, l’IMC moyen serait réduit de 0,91 chez les garçons et de 1,65 chez les filles, permettant pratiquement de revenir aux niveaux d’IMC plus raisonnables des années 50 ! », explique Romain Fantin, principal auteur de l'étude.
Pour comprendre de quoi il s'agit exactement, il confie avoir choisi plusieurs facteurs associés au risque de surpoids et d’obésité dans de précédents travaux, comme la catégorie socio-professionnelle des parents, le tabagisme maternel pendant la grossesse, l’heure de coucher, le fait de sauter le petit déjeuner ou encore le temps passé devant la télévision. « Pris séparément, aucun de ces facteurs ne peut être tenu pour responsable d’un IMC élevé », précise Romain Fantin. Le chercheur souligne que c'est « l’ensemble de ces facteurs qui renseignent sur la qualité de vie de l’enfant. « En les compilant, il est ainsi possible de distinguer des environnements peu favorables, d’autres qui sont au contraire très favorables », poursuit Michelle Kelly-Irving, une autre chercheuse de l'équipe. Elle conclut avec une recommandation : « corriger au moins quelques uns de ces facteurs contribuerait à lutter contre la hausse de la masse corporelle des enfants ».