Dans une lettre ouverte à Marisol Touraine, les fabricants de génériques ont récemment dénoncé les baisses de prix sur leurs produits. Pour éviter de déstabiliser le secteur, le Gemme (1) réclamait le déploiement du Plan National d’Action de Promotion des Médicaments Génériques dévoilé l’an dernier par le gouvernement et dont la mise en œuvre tarderait à se concrétiser.
Dans ce contexte tendu, Marisol Touraine a décidé de ne pas accélérer son calendrier. La ministre de la Santé attendra l’automne pour lancer sa campagne d’information grand public sur les médicaments génériques. Construite avec l’Assurance Maladie et l'Agence Nationale de Sécurité des Médicaments (ANSM), elle aura pour objectif de redonner confiance dans ces produits, avec à la clé 3,5 milliards d’économies chaque année.
Une campagne en deux temps. Le premier volet vient de débuter et vise à sensibiliser les professionnels de santé et principalement les médecins de ville et hospitaliers. Dans un atelier pédagogique qui s'est déroulé mardi, de nouveaux outils leur ont ainsi été présentés.
3 mois pour sensibiliser les médecins
Depuis quelques jours, ils peuvent par exemple trouver de nouvelles fiches pratiques d’information dans un espace dédié. Elles ont pour but de répondre à leurs questions et à celles de leurs patients. Ouvert à la mi-juin, cet espace propose des repères sur les médicaments génériques (bioéquivalence, contrôles, pharmacovigilance...), des liens vers les études en vie réelle, l’accès au répertoire des médicaments génériques sur la base de données publique des médicaments, et enfin, de nouveaux supports en téléchargement pour aider à la pratique et au dialogue avec les patients.
Toutes ces informations sont en effet rassemblées dans cinq nouveaux outils d'ores et déjà téléchargeables. Mais ceux-ci seront aussi mis à disposition des professionnels de santé dans le cadre des visites des délégués de l'Assurance Maladie prévues de juin à septembre 2016.
Améliorer la prescription
Dedans, une attention particulière a été mise sur les éléments de langage à revoir. La présentation des génériques comme un « moyen de réaliser des économies » (sous-entendu : sur le dos des patients) est désormais à bannir, au profit d'un « moyen d'investir dans l'innovation ». « Moins cher » ne veut pas dire « moins bon », mais « moins innovant », a insisté Thomas Wanecq, représentant du ministère de la Santé, dans des propos rapportés par Pharmaceutiques. Une même efficacité et une rigueur identique dans les contrôles sont également des éléments à mettre en avant, selon lui.
Pour rappel, le plan de promotion du générique lancé en mars 2015 prévoit notamment d’agir auprès des médecins pour améliorer la prescription dans le Répertoire. Le souhait, à 3 ans, est une augmentation, en volume, de 5 points, pour passer de 41 % à 46 %. Dans un premier bilan publié en mars, l'IGAS (2) concluait que les premiers effets positifs des mesures se font sentir.
(1) L'association Générique Même Médicament réunit 16 professionnels du médicament générique.
(2) Inspection Générale des Affaires Sociales