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Différences de structures cérébrales

Troubles du comportement : des modifications visibles dans le cerveau des ados

Par Anne-Laure Lebrun

Les adolescents souffrant de troubles comportementaux présentent des anomalies de structure cérébrale, ce qui indique qu'il s'agit d'un réelle maladie psychiatrique. 

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Le cerveau des adolescents présentant un comportement antisocial a une structure différente, ce qui suggère que ce trouble psychique dérive de modifications cérébrales apparues au cours du développement précoce. C’est ce que conclut une étude publiée dans le Journal of Child Psychology and Psychiatry.

« Nous connaissons déjà des différences neurologiques chez les individus présentant des troubles comportementaux sévères, mais ces études sont souvent trop simplistes et se concentrent sur certaines régions comme l’amygdale, connue pour son rôle dans la gestion des émotions, explique le Dr Luca Passamonti du département de neurosciences cliniques à l’université Cambridge et auteur de l’étude. Mais ces troubles comportementaux sont complexes, on pourrait donc s’attendre à ce que ces changements atteignent d’autres zones du cerveau. »


Des anomalies apparues précocement

Pour le découvrir, les chercheurs des universités de Cambridge et de Southampton (Grande-Bretagne), en collaboration avec l’université de Rome Tor Vergata (Italie) ont étudié par IRM (imagerie par résonance magnétique) le cerveau de 95 adolescents et jeunes adultes de 13 à 21 ans présentant des troubles de la conduite, ainsi que le cerveau de 32 jeunes hommes sans troubles comportementaux.

Les scientifiques ont pu analyser finement les structures cérébrales de tous les participants. Ils mettent en lumière des variations de l’épaisseur corticale, aussi appelée substance grise, chez les adolescents violents et perturbés. Cette zone cérébrale se caractérise par l’importance et la complexité de ses connexions neuronales. Ces variations structurales sont plus importantes chez les volontaires souffrant de ces troubles depuis leur enfance par rapport à ceux ayant vu émerger ces troubles à l’adolescence.


Plasticité neuronale

« Les différences que nous avons observées entre les adolescents sains et ceux souffrant de troubles comportementaux semblent toucher la quasi-totalité du cerveau, mais les régions frontales et temporales semblent particulièrement affectées, indique le Dr Graeme Fairchild du département de psychologie à l’université de Southampton. Ces éléments fournissent la preuve que les troubles du comportement sont une réelle pathologie psychiatrique, et non pas une crise d’adolescence exagérée. »  

Néanmoins, les chercheurs ignorent comment ces anomalies apparaissent et les causes pouvant expliquer leur survenue. Celles-ci pourraient être générées par une interaction entre des facteurs génétiques et environnementaux. Mais leur apparition pourrait être réversible, soulignent les auteurs. Des thérapies pourraient en effet compenser ces altérations, voire les faire disparaître grâce à la plasticité cérébrale.