Le 15 septembre dernier, les autotests de dépistage du VIH faisaient une entrée remarquée sur le marché français. Un mois et demi après le début de leur commercialisation, le fabricant, la société AAZ, annonçait près de 70 000 autotests commandés par environ 9 000 pharmacies réparties sur l’ensemble du territoire.
Mais le répartiteur de produits pharmaceutiques Alliance Healthcare France – qui sert près de la moitié des officines françaises – coupait court à l'euphorie. Quelques mois plus tard, l'évolution du marché était à la baisse. Avec environ 600 tests vendus en décembre, et moins de 300 en mars 2016. Entre la retombée probable de l’effet d’annonce et la gestion des stocks des pharmaciens, difficile d’expliquer ces chiffres. Sauf qu'aujourd'hui, cet outil de dépistage complémentaire a enfin trouvé son public.
D'après la société AAZ contactée par Pourquoidocteur, 1 500 à 2 000 autotests de VIH sont actuellement vendus par les pharmacies en France chaque semaine. Le fabricant a même enregistré des pics à près de 3 000 ventes hebdomadaires lors de certains évènements. Ce fut le cas la semaine du 1er décembre où s'est déroulée la Journée Mondiale de lutte contre le sida.
Face à ces chiffres encourageants, les militants anti-VIH veulent aller plus loin. En effet, 30 000 séropositifs s'ignorent dans l'Hexagone.
Un public trouvé
Dans un communiqué publié ce mercredi, les associations AIDES et HF Prévention estiment que « ce premier bilan montre que les autotests touchent une population qui ne se serait pas dépistée autrement ». Ils se réjouissent aussi d'une récente enquête d’opinion (1) laissant apparaître que pour plus d’un tiers des utilisateurs, il s’agissait de leur premier dépistage du VIH. Parmi eux, près d’un tiers affirmaient en plus qu’ils n’auraient pas eu recours à un autre type de dépistage.
Et avec une fiabilité annoncée de 99,8 % (après une attente de 15-30 min), l'outil vise juste. Les associations révèlent que les premiers cas de découverte de séropositivité grâce à l’autotest sont déjà « avérés et confirmés » par plusieurs centres de dépistage/services de maladies infectieuses. « L’autotest semble s’inscrire comme un nouvel outil de prévention efficace et complémentaire de l’offre classique de dépistage (laboratoires, centres de dépistage, TROD par les associations) », se réjouissent-elles.
Un prix rédhibitoire
Pourtant, ces militants dénoncent toujours « un frein » à sa diffusion auprès d’un plus grand nombre de personnes. Il s'agit du coût et donc de l'accessibilité du dispositif. Avec un prix moyen en pharmacie de 25 à 28 euros, il n’est clairement pas à la portée de tous, juge AIDES.
Comme pour le préservatif, l'association souhaiterait que cet autotest puisse aussi bénéficier d’une TVA réduite de 5,5 %. Par ailleurs, elle déplore le blocage toujours en vigueur d'une dotation qui leur permettrait « la mise à disposition gratuite des autotests auprès des publics les plus exposés ».
Pour un accès libre en pharmacie
Enfin, depuis juin 2008, AIDES rappelle que certains médicaments dits de « médication officinale » peuvent être mis à disposition du public en « libre accès » dans les pharmacies. C'est le cas des tests de grossesse et d’ovulation.
« Pour faciliter sa visibilité (en le trouvant par exemple à côté des préservatifs) et sa délivrance (en évitant d’avoir à le demander publiquement à son pharmacien), il faut pouvoir trouver l’autotest de dépistage du VIH en accès libre en pharmacie », concluent les associations.
(1) Enquête réalisée par le site Illicopharma.com entre septembre 2015 et mars 2016 sur 909 utilisateurs