Nettoyer son évier pour éviter les engorgements, un geste simple que l’on fait tous. Mais il faut aussi nettoyer les égouts où s’accumulent les eaux usées, et ce métier n’est pas sans risques. Un rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) pointe les effets du métier sur la santé des égoutiers. Inhalation de gaz, de vapeurs et d’aérosols ou contact avec la peau et les muqueuses : les sources de contamination par les agents chimiques et biologiques sont nombreuses dans le réseau des égouts. Parmi elles, des composés qui provoquent des cancers et des mutations génétiques ou qui affectent la fertilité, rapporte l’Agence.
Les symptômes les plus fréquents sont digestifs et respiratoires. Le nez, la gorge, mais aussi la peau peuvent être irrités. Ces travailleurs souterrains sont plus souvent confrontés aux pathologies infectieuses mais celles-ci sont rarement mortelles. En plus de ces affections physiques, les égoutiers peuvent souffrir de la dévalorisation de leur métier, de l’affaiblissement des collectifs de travail et de la dimension anxiogène de leur métier.
Le milieu confiné favorise l’exposition
En 2004 déjà, l’ANSES avait mis en évidence une surmortalité chez les égoutiers, avec un surrisque de suicides, de cancers et de maladies digestives. L’agence a donc poursuivi ses recherches avec une campagne de mesures individuelles pour déterminer l’origine de ces effets. L’atmosphère confinée et le manque de renouvellement d’air dans le réseau exposent à une plus grande concentration de polluants dans l’air et dans l’eau par rapport à l’extérieur.
Même si les valeurs relevées restent en moyenne plus faibles que les valeurs limites d’exposition professionnelle, ou les valeurs toxicologiques de référence, un effet est possible par exposition à plusieurs produits en même temps. Une sorte d’effet cocktail lorsque des produits, inertes quand ils sont isolés, développent des effets s’ils sont associés entre eux. Les pics de polluants représentent également un risque pour les salariés.
Protéger et sensibiliser
Pour protéger ces professionnels, l’ANSES recommande d’améliorer leur formation et leur suivi médical. D’un point de vue technique, il faut optimiser la ventilation, mécaniser davantage les tâches et cartographier les risques sur le réseau. L’action peut aussi être menée auprès de la population générale pour rappeler que le réseau des égouts n’est pas destiné à recevoir tous les déchets. Des campagnes de sensibilisation pourront préciser les bonnes pratiques et diminuer l’exposition. La question se pose toutefois du dérèglement climatique qui devrait obliger à revoir l’assainissement des agglomérations, et représenter un nouveau défi dans la protection des égoutiers.