George Romero aurait-il eu tout bon ? Le créateur de la « Saga des zombies » a en tout cas raison sur un point : le corps ne s’éteint pas totalement après le trépas. Des chercheurs de l’université de Washington (Etats-Unis) ont analysé le « thanatotranscriptome », c’est-à-dire l’expression des gènes après la mort. Loin du silence des organes auquel on pourrait s’attendre, l’équipe a découvert plusieurs gènes zombies. Ils exposent leurs résultats dans la revue BioRxyv, sans comité de lecture.
Stress, immunité, inflammation
Plus de 1 000 gènes prélevés sur des cadavres de souris et de poissons-zèbres ont été analysés pendant plusieurs jours. Dans les 24 heures suivant le décès, la plupart d’entre eux connaissent un pic d’activité avant de chuter. Mais chez le poisson, certains restent actifs jusqu’à 4 jours après.
Cette centaine de gènes zombies ne relève pas du hasard. La moitié a un rôle de codage et certains semblent bien répondre au processus de la mort : l’un régit la réaction à la chaleur, un autre stimule l’inflammation et un troisième le système immunitaire. Autant de fonctions clés au moment où le corps « s’éteint » : la réponse au stress est nécessaire pour rétablir l’équilibre organique, la réponse immunitaire se produit face à une infection même en environnement stérile, et l’inflammation réagit aux blessures.
Plus surprenant : un gène est responsable du développement embryonnaire. Les chercheurs supposent donc que l’environnement cellulaire du cadavre ressemble, jusqu’à un certain point, à celui d’un embryon.
Des gènes du cancer
La réponse la plus riche en informations concerne les gènes qui favorisent le développement d’un cancer. Ceux-là s’activent de manière non négligeable et sont très variés chez le poisson-zèbre comme chez la souris. L’équipe s’avance donc à supposer que les mêmes observations pourraient être réalisées chez l’homme. Un résultat précieux lors du prélèvement d’organes : davantage de cancers ont été observés chez les personnes greffées que dans la population générale. Les formes cutanées et les lymphomes sont les plus souvent observés.
Cette étude peut aussi s’avérer très utile lorsqu’une autopsie est réalisée sur un corps. Dans une deuxième publication, les auteurs suggèrent que le prélèvement d’échantillons génétiques sur une scène de crime permettra d’estimer l’heure de la mort.