Avec plus de 200 000 festivaliers ce week-end, Solidays 2016 a battu des records de fréquentation. Ces trois jours de concerts et de débats organisés sur l'hippodrome de Longchamp (Paris) n'ont, en revanche, pas fait recette. Interrogé par France Info, le fondateur et directeur de l'association Solidarité Sida, Luc Barruet, a indiqué que le record de l'an dernier ne sera pas battu. Les 2,8 millions d'euros que nous avions récoltés ne seront même pas égalés, juge-t-il : « Au niveau du gouvernement ou dans le secteur privé, les rapports se tendent, et les budgets rétrécissent », a-t-il expliqué.
Dans ce contexte déjà morose, les militants anti-VIH ont dû encaisser une seconde mauvaise nouvelle. Dans un communiqué publié dimanche, les associations Coalition PLUS, AIDES, et ACT UP-Paris regrettent que François Hollande n’ait pas fait le choix d’augmenter la contribution française au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.
Dimanche, le Président de la République a en effet annoncé le maintien par communiqué de presse de la contribution de la France. Celle-ci sera identique : de l'ordre de 1,08 milliard d’euros pour la période 2017-2019, soit 360 millions d’euros par an.
Les Français veulent aller plus loin
« Le Président français est resté sourd aux appels de M. Ban Ki-Moon ». « Dans son dernier rapport, le Secrétaire Général des Nations Unies l’a clairement dit : si les financements internationaux n’augmentent pas au cours des prochaines années, les nouvelles infections au VIH repartiront à la hausse et le sida fera encore plus de morts », ajoutent ces militants. Ils rappellent que ce sont déjà 100 000 personnes qui en meurent et 160 000 autres qui en sont infectées, chaque mois.
Face à constat, l'ONU évalue le besoin supplémentaire de 6 à 7 milliards de dollars par an – soit seulement 0,01 % du PIB mondial. Et les Français aimeraient que la France fasse plus. Un sondage IFOP publié la semaine dernière montre qu'ils soutiennent une participation de la France au financement de la fin du sida.
Prochain rendez-vous en septembre
Les associations exhortent donc François Hollande « à se ressaisir » en annonçant une augmentation de la contribution de la France lors de la Conférence de reconstitution du Fonds mondial, qui réunira l’ensemble des Etats donateurs le 16 septembre prochain à Montréal, Canada.
« Le Fonds mondial finance la moitié des traitements anti-rétroviraux dans le monde. C’est aussi l’une des seules institutions internationales qui financent des programmes d'accès aux droits et à la santé pour les populations clés, y compris dans les contextes où elles sont criminalisées. Investir dans le Fonds mondial est le meilleur moyen de lutter contre l’épidémie », souligne Hakima Himmich, présidente de Coalition PLUS.
« Investir dans le Fonds mondial est un choix stratégique qui à terme sera payant. Le Premier Ministre canadien l’a bien compris. Justin Trudeau s’est engagé à augmenter de 20 % la contribution de son pays. Le Luxembourg, les Etats-Unis et le Japon ont aussi fait le choix d’intensifier leurs efforts, interpelle de son côté Aurélien Beaucamp, président de AIDES. Il rappelle que les spectaculaires progrès réalisés depuis 15 ans contre le VIH « permettent d’envisager la fin de l’épidémie d’ici à 2030 ».
L’ONU l’a confirmé à la réunion de Haut niveau consacrée au sida en début de mois.
Bill Gates félicite la France
Le fondateur de Microsoft, Bill Gates, a salué ce lundi les efforts de la France, « premier contributeur en Europe dans la lutte contre le sida », après un entretien avec François Hollande à l'Elysée au sujet de l'action internationale contre les grandes pandémies.
Dans des propos rapportés par l'Agence France Presse (AFP), le milliardaire le plus riche en 2016 (fortune de 76.4 milliards de dollars) a indiqué : « Je suis sûr que cette générosité sera une source d'inspiration pour d'autres ». « Le monde a besoin de ce genre de leadership, afin que nous puissions vivre dans un monde plus sûr, avec un meilleur niveau de santé, pour les générations à venir », a-t-il poursuivi sur le perron de l'Elysée.
Il a, par ailleurs, indiqué qu'« alors qu'1,2 million de personnes dans le monde décèdent encore chaque année à cause du VIH, la France et la Fondation Bill et Melinda Gates poursuivront et renforceront leur partenariat pour développer des actions innovantes dans ce domaine, en particulier en Afrique ».