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Journée de formation

Violences faites aux femmes : 539 référents dans les hôpitaux

Par Audrey Vaugrente

Dans les services d'urgence de France, 539 référents « violences » seront déployés. Ce 27 juin, ils sont formés à la prise en charge des victimes, souvent oubliées.

lofilolo/epictura

Après des violences physiques, une femme sur quatre se tourne vers un professionnel de santé en premier recours. Mais ceux-ci souffrent souvent d’un grave manque de compétences dans ce domaine. En cause : leur formation inexistante ou insuffisante. Afin d’améliorer l’accueil de ces victimes, la ministre de la Santé Marisol Touraine a annoncé la mise en place de référents dans les services d’urgence. Ce 27 juin sonne l’heure du lancement du dispositif. Toute cette journée est consacrée à leur formation, organisée par la Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains (MIPROF).

Des victimes « invisibles »

Le bilan en matière de suivi des victimes de violences est catastrophique en France. Chaque année, 216 000 femmes subissent l’ire de leur conjoint ou de leur ex-conjoint. Seules 16 % d’entre elles portent plainte. Les victimes de viol ou de tentative de viol sont encore plus mal loties : elles ne sont que 10 % à se rendre au commissariat. « Les victimes sont invisibles parce que les professionnels ne sont pas formés, résume Gilles Lazimi, médecin généraliste à Romainville (Seine-Saint-Denis) contacté par Pourquoidocteur. Un tiers des femmes qui se présentent aux urgences ont vécu des violences. Si on ne s’intéresse pas à autre chose que les signes somatiques, on passe à côté. »

Avec l’objectif d’améliorer ce constat, Marisol Touraine a lancé un plan de 66 millions d’euros sur 3 ans. Outre un numéro unique (3919), 539 référents « violences » seront déployés dans les services d’urgence. Leur formation, annoncée par une circulaire du 20 novembre 2013, se décompose en plusieurs modules : les professionnels de santé seront sensibilisés aux données historiques et épidémiologiques, mais aussi aux textes de loi majeurs. Trois films thématiques et un livret associé les sensibiliseront aux mécanismes de la violence, son impact sur les enfants et les stratégies à adopter.

Accompagner les femmes

Marisol Touraine l’a rappelé aux référents présents, ils auront pour mission de « sensibiliser et former » l’équipe médicale à la thématique des violences. Aux yeux de Gilles Lazimi, cette initiative devrait impulser une dynamique positive dans les services d’urgence. « Il est important qu’une personne anime et forme ses collègues à une meilleure prise en charge », estime-t-il. Car c’est bien tout le problème à l’heure actuelle : aucun parcours continu n’existe pour les victimes de violences. Désormais, elles pourront être dirigées vers une personne formée spécifiquement. La prise en charge sera donc améliorée, tout comme les certificats permettant des poursuites judiciaires.

Reste un problème non négligeable : l’immense part des victimes qui ne portent pas plainte. Le référent devra alors faire preuve de délicatesse, selon Gilles Lazimi. « Les femmes ne sont pas toutes en capacité de porter plainte, rappelle-t-il. Il ne faut pas les forcer, mais les accompagner et parler du psychotraumatisme. Nous devons apprendre à aider les patientes. »

La formation de référents aux urgences représente un bon départ. Elle doit encore s’améliorer, cependant, car les professionnels en ville n’en bénéficient toujours pas. « La formation en ville est impérative, tranche Gilles Lazimi. On dispose de très peu de séminaires en formation continue. »