Le spectre de l’antibiorésistance s’élargit sur le monde. Amérique latine, Asie du Pacifique, Amérique du Nord… Plusieurs bactéries résistantes à l’antibiotique de dernier recours, la colistine, ont été repérées sur les différents continents. Une série d’articles vient d’être publiée dans la revue Antimicrobial Agents and Chemotherapy. Elle confirme l’émergence d’un gène de super-résistance.
Né il y a un an
A la fin du mois de mai 2016, les Etats-Unis ont confirmé la présence d’une super-bactérie chez une patiente atteinte de cystite. Pour la première fois sur le sol américain, une souche d’E. coli pouvait résister à la colistine. Cet antibiotique est utilisé en dernier recours contre des infections particulièrement résistantes – y compris contre la bactérie CRE (entérobactérie productrice de carbapénémases) qui complique la tâche de nombreuses équipes américaines. Alarmées, mais pas alarmistes, les autorités du pays ont souligné la nécessité d’accroître les efforts contre le phénomène d’antibiorésistance.
Les bactéries parviennent à échapper à la colistine à cause d’une mutation dans leurs gènes. Le mcr-1, détecté l’an dernier chez des cochons en Chine, provoque ce type de résistance. Plusieurs équipes ont donc réalisé des tests sur quelque 13 500 souches d’E. coli et 7 500 souches de Klebsiella pneumoniae, récoltées sur trois continents.
La fin des antibiotiques ?
Parmi les échantillons récoltés, 1,9 % étaient résistants à la colistine – soit 390. 19 de ces souches étaient porteuses du gène mcr-1, dont une d’E. coli prélevée à New-York (Etats-Unis). Ce sont désormais deux patients repérés sur le continent américain. Ces bactéries n’étaient cependant pas résistantes à d’autres antibiotiques.
Mais les chercheurs soulèvent une inquiétude majeure. Jusqu’ici, le gène mcr-1 n’a pas été détecté sur la bactérie CRE, qualifiée de « cauchemar » par les autorités américaines. Si cette situation venait à se produire, une bactérie virtuellement résistante à tous les types d’antibiotiques pourrait alors émerger. Ce qui marquerait la réalisation des prédictions de nombreux intervenants. Depuis plusieurs années, ils brandissent le risque qu’aucun médicament ne parvienne à traiter des infections banales. Pour éviter cela, le Royaume-Uni a récemment invité l’ensemble des gouvernements à inciter financièrement les laboratoires pharmaceutiques à développer de nouvelles molécules.