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Centres d’addictologie

Cannabis : de plus en plus de trentenaires consultent

La fréquentation des 30 ans et plus dans les centres d’addictologie a augmenté depuis 2007. Un profil de consommateur se dégage.

Cannabis : de plus en plus de trentenaires consultent InnerVisionPRO/epictura




Ils ont grillé les pétards avec l’insouciance de leur jeunesse. Puis ils ont grandi, mais ne se sont pas tout à fait débarrassés de ce qui est devenu au fil du temps une vieille habitude. Un petit joint en rentrant du travail, un autre avant de dormir. Aujourd’hui, ces consommateurs ont 30 ans et gonflent les rangs des consultations d’addictologie.

Ce phénomène, l’OFDT (Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies) le décrypte dans son dernier numéro de Tendances, qui revient sur le profil des personnes accueillies en 2014 dans les 430 CSAPA (Centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie) que compte le territoire, et sur les évolutions observées depuis 2007.

Quand l'ado grandit

Environ 55 000 personnes ont été prises en charge dans un CSAPA en 2014 pour une consommation de cannabis. Si la grande majorité d’entre elles appartiennent à la catégorie des jeunes, avec un âge moyen de 26 ans, le nombre de trentenaires n’a cessé de croître au cours des dernières années (+7,6 % entre 2007 et 2014).

Ce qui n’étonne pas les spécialistes de l’addiction qui rencontrent, sur le terrain, ces consommateurs. « Déjà, à l’ouverture des Consultations Jeunes Consommateurs en 2004, nous avons vu affluer les trentenaires alors que nous nous attendions à recevoir des jeunes », explique Jean-Pierre Couteron, président de Fédération Addiction.

Ces profils ont des points communs. Il s’agit souvent de personnes socialement insérées, professionnellement actives – même si l’OFDT remarque une précarisation des consommateurs accueillis en CSAPA, à l’image de celle observée dans la société post-crise. La plupart du temps, l’usage est hérité de l’adolescence et s’est installé progressivement à travers les années. A 30-35 ans, à l’âge du premier enfant, de la première acquisition immobilière ou de la promotion professionnelle, ces consommateurs réalisent qu’il n’est pas si facile de s’arrêter.

Ecoutez...
Jean-Pierre Couteron, président de Fédération Addiction : « J’en ai un qui travaille dans l’hôtellerie et réalise qu’il ne peut plus être ce fumeur qui profite de chaque pause… Ou un directeur financier, qui craint que ses collègues apprennent sa consommation… »

Une consommation importante 

Autre point commun parmi ces usagers : la fréquence de leur consommation. « Souvent, ce n’est pas un usage anecdotique, explique Jean-Pierre Couteron. C’est un joint quotidien, ou davantage ». Certains recherchent le sevrage pur et dur, quand d’autres visent diminution du nombre de joints roulés, une consommation plus adaptée à leur existence. « Alors, ils profitent d’un dispositif qui a été validé, où ils savent qu’il n’y a pas de place pour les discours moralisateurs ».

Ils ont également un avantage par rapport aux jeunes envoyés dans les CSAPA par la justice ou par leurs parents. « Ils viennent d’eux-mêmes ; il ne s’agit pas d’une motivation externe à partir de laquelle il faut générer un début de motivation interne, comme c’est le cas pour les adolescents ». C’est d’ailleurs tout l’intérêt des Consultations Jeunes Consommateurs : agir en amont, pour que le jeune devenu adulte ne se fasse pas piéger et que son plaisir ne se mue pas en addiction.

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