Le pancréas artificiel, c’est pour bientôt. Porté en continu pendant un mois, ce dispositif permet un bon contrôle du glucose sanguin chez les diabétiques. Une étude européenne, dont fait partie le CHU de Montpellier (Hérault), vient de le montrer. Elle publie ses conclusions dans la revue Diabetes Care.
Aussi peu d’hypoglycémies
C’est la première fois que des patients diabétiques portent un pancréas artificiel sur une si longue durée. Ce dispositif se compose d’un capteur sous la peau qui mesure la glycémie, d’une pompe à insuline et d’un algorithme sur smartphone qui automatise l’injection d’insuline en fonction des besoins. Pendant un mois, 21 personnes atteintes de diabète de type 1 en ont été équipées. Parmi elles, des patients du CHU de Montpellier, où officie le Pr Eric Renard.
Ce spécialiste en diabétologie a déjà publié plusieurs études sur de courtes durées, toutes concluantes. « Notre dispositif avait déjà montré son efficacité et sa sécurité dans le cadre hospitalier, et lors d’une utilisation en vie réelle durant la nuit exclusivement », précise-t-il dans un communiqué.
Les volontaires ont vécu normalement pendant une période de 30 jours. Au cours du suivi, le pancréas artificiel en boucle fermée a révélé une efficacité similaire par rapport à l’activation nocturne uniquement. Pour être à un seuil normal, la glycémie doit être comprise entre 0,70 et 1,10 gramme par litre de sang. Or, le temps passé sous le seuil glycémique plancher était d’une durée comparable, c’est-à-dire relativement faible.
Etude sur 6 mois
Des oscillations de la glycémie sont possibles, après une longue période de jeûne ou un repas mais elles doivent être limitées dans le temps. L’injection d’insuline permet de les réguler. Avec le pancréas artificiel en continu, les variations du glucose sanguin restaient dans les mêmes valeurs que lors des études précédentes.
« Ce résultat est très important. Antérieurement, nous avions montré qu’il permettait de réduire la survenue d’hypoglycémies durant la nuit, et que la qualité de ce contrôle nocturne possédait un effet rémanent durant la journée », rappelle Eric Renard. Cette fois, l’effet continu est avéré. Avant une mise sur le marché, il faudra confirmer ces données sur une durée plus longue. Le groupe européen a prévu de suivre des patients pendant 6 mois. Cela permettra d’obtenir des détails précieux sur l’impact du pancréas artificiel sur la qualité de vie.
Le pancréas artificiel pour 2018 ?
Chez l’enfant comme chez l’adulte, le pancréas artificiel a livré de bons résultats. Des évaluations, en vue d’une mise sur le marché, sont en cours aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Deux experts de l’université de Cambridge (Royaume-Uni) émettent donc l’espoir d’une application au sein de l’Union Européenne d'ici 2018, dans la revue Diabetologia.
Il faut dire que le pancréas artificiel représente une alternative fiable aux méthodes existantes – comme la pompe à insuline ou les médicaments. Ce dispositif automatique permet en effet de mieux maîtriser la glycémie au long de la journée et de la nuit. Il est en plus soutenu par les patients diabétiques : « Les usagers ont livré des retours positifs sur l’utilisation d’un pancréas artificiel qui leur donne des vacances par rapport à la gestion de leur diabète, dans la mesure où le système contrôle efficacement leur glycémie sans besoin de surveillance continue », soulignent Roman Hovorka et Hood Thabit.
Quelques points devront tout de même être résolus avant une mise sur le marché : la durée d’action des insulines, la fiabilité du dispositif, la précision des capteurs et la cyber-sécurité.