Dans son second état des lieux de l’accès aux soins en France, l'UFC-Que choisir n’y est pas allée de main morte. Elle n’hésite pas à définir la situation comme une « inexorable aggravation de la fracture sanitaire ». Pour l’association d'usagers, l’accès restreint des Français à un généraliste, un pédiatre, un gynécologue ou encore un ophtalmologue a deux explications.
D’une part, la répartition géographique des médecins se dégrade, favorisant l’apparition de déserts médicaux. D’autre part, l’Assurance maladie n’a pas réussi à maîtriser les dépassements d’honoraires menant « à une dérive sans fin ». Une critique que rejette la Caisse Nationale d’Assurance Maladie. Idem pour la ministre de la Santé depuis cinq ans qui a réagi.
Ce jeudi, Marisol Touraine a contesté la méthode et les chiffres avancés par l'UFC-Que Choisir. L'enquête contient des « contrevérités absolues », a-t-elle affirmé. « Concernant les dépassements, il est faux de dire que, pour les Français, la période 2012-2016 se traduit par une augmentation des dépassements à payer », a-t-elle insisté.
Les dépassements d'honoraires en cause
Dans son enquête, l'UFC-Que Choisir affirmait pourtant que les médecins libéraux étaient plus nombreux à ne plus pratiquer les tarifs de la Sécurité sociale et que le montant moyen des dépassements d'honoraires en quatre ans avait progressé. Pour affirmer cela, elle s'est basée sur le tarif le plus fréquemment demandé pour une consultation simple d'après les données disponibles sur l'annuaire santé de l'Assurance maladie.
L'association a mesuré « l'évolution des dépassements à partir de la progression de leur montant global annuel », ce qui « n'est pas l'approche qui reflète le mieux la réalité », puisqu'elle « ne mesure pas la dépense supportée in fine par l'assuré », a répondu l'Assurance maladie dans un communiqué.
La ministre conteste les chiffres
« Le nombre de médecins a augmenté et ceux exerçant dans les centres de santé n'ont pas été pris en compte », ajoute de son côté la locataire de l'avenue Duquesne (Paris). L'Assurance maladie a également contesté le coût financier du Contrat d'accès aux soins (CAS), destiné à réguler les dépassements d'honoraires. L'UFC-Que Choisir a estimé que « pour 59 millions d’euros de dépassements évités par son action en 2014, le dispositif a coûté 470 millions d’euros en contreparties accordées aux médecins ».
Selon les chiffres de l'Assurance maladie, l'impact financier de la mesure uniquement, sur les médecins de secteur 2 (honoraires libres) signataires d'un CAS, est évalué à 100,2 millions d'euros.
La Caisse avance ainsi que ce ne sont pas les médecins du secteur 2 qui ont coûté le plus cher ces trois dernières années. Au contraire, l’Assurance maladie a soutenu les praticiens du secteur 1 qui respectent les tarifs de consultation en vigueur, notamment les généralistes.