Qu’ils en soient conscients ou non, certains patients désespérés prennent des risques, avec la complicité de médecins américains, au nom du business. Aux Etats-Unis, une étude publiée dans Cell Stem Cell révèle que 570 cliniques dispensent des soins à base de cellules souches qui n’ont pas été autorisés par la FDA (Food and drug administration), l’Agence du médicament.
Les chercheurs responsables de l’étude ajoutent qu’en plus de ces cliniques, quelque 350 entreprises vendraient directement ces soins expérimentaux, dont l’efficacité n’a pas été prouvée et qui pourraient se révéler potentiellement dangereux.
Un essor non contôlé
« Ce marché explose devant nos yeux et je ne pense pas qu’on était conscient de son étendue et de sa taille, réagit Leigh Turner, auteur de l’enquête et membre du Centre de bioéthique de l’université du Minnesota. On peut s’interroger sur le fait de savoir comment cette activité a pu connaître un tel essor aux Etats-Unis, où des traitements basés sur les cellules souches et les instruments médicaux qui les produisent sont supposés être réglementés par les autorités ».
Les cliniques les proposant sont particulièrement implantées en Californie, et 18 sont notamment présentes à Beverly Hills, le quartier riche de Los Angeles. Mais il serait possible d’accéder à ces « thérapies » dans tous les Etats américains. Les chercheurs ont repéré 104 établissements en Floride, 71 au Texas et 21 dans la ville de New York.
La FDA s’inquiète des faux espoirs que pourraient véhiculer des thérapies à base de cellules souches non validées, dont « l’efficacité et la sûreté » restent à démontrer, a confié à l'AFP sa porte-parole, Andrea Fisher. Ces thérapies aléatoires rendraient les patients « vulnérables à des sociétés ou des individus sans scrupule, fournisseurs de soins contenant des cellules souches qui sont illégaux et potentiellement dangereux ».
La patience, vertu médicale
Il y a quelques jours à peine, le New England Journal of Medicine avait révélé le cas d’un malade souffrant des séquelles d’un AVC, qui avait eu recours à des traitements expérimentaux à base de cellules souches embryonnaires en Chine, en Argentine et au Mexique. Il avait développé une tumeur qui a entraîné sa paraplégie.
« Il n’est plus nécessaire pour les Américains d’aller par exemple au Mexique, a expliqué Paul Knoepfler, chercheur à l’université de Californie et co-auteur de cette enquête. Cela traduit un changement par rapport au tourisme médical typique en quête de soins avec des cellules souches ».
Ce genre de thérapies a un avenir prometteur pour une large variété de maladies, notamment pour les pathologies neurologiques, pulmonaires, osseuses ou cardiaques. Mais la recherche prend du temps, et les risques sont encore importants. Ce genre d’activités illégales pourrait venir ternir les avancées. De manière similaire, le décès en 1999 d’un jeune Américain de 18 ans avait retardé pour de nombreuses années les avancées sur les thérapies géniques.