Pour lutter contre les troubles de l’alimentation, les nutritionnistes disposent d’un arsenal d’astuces : manger à heures fixes, compter les calories… Pour les cas les plus extrêmes, la chirurgie bariatrique peut aussi être envisagée. Mais peu de solutions existent pour gérer cette irrésistible attirance, ponctuelle ou non, pour les aliments gras et sucrés, à haute teneur en calories.
Des chercheurs de l’Imperial College London et l’université de Glasgow (Royaume-Uni) ont peut-être une réponse. En 2013, des recherches avaient montré que des personnes en surpoids grossissaient moins lorsqu’elles consommaient régulièrement une fibre appelée ester d’inuline propionate (IPE).
Une sourdine sur le système de la récompense
Dans un article publié dans la revue scientifique American Journal of Clinical Nutrition, ils expliquent la manière dont cet ingrédient agit sur les fringales. « Nous ne savions pas pourquoi il diminuait leur appétit, explique le Pr Gary Frost, auteur principal de l’étude, et chercheur à l’école de médecine de l’Imperial College. Une nouvelle étude apporte un élément de réponse, en montrant que ce supplément alimentaire pourrait bien diminuer l’activité cérébrale de zones associées au système de récompense à la nourriture, ainsi que leur consommation alimentaire. »
Le cerveau des sujets de l’étude a été observé sous IRM, et les zones concernées sont apparues bien moins actives chez ceux ayant consommé de l'IPE. Ils rapportaient aussi avoir moins envie de ces plats, en comparaison de sujets ayant reçu un « placebo ». Dans une seconde expérience, les chercheurs ont proposé un plat de spaghettis en sauce à deux groupes de personnes, dont l’un avait reçu de l’IPE. Ceux-ci mangeaient en moyenne 10 % de pâtes en moins !
Pas tous égaux face à la nourriture
Le composant clé, c’est le propionate. Cette molécule est produite par les bactéries intestinales, et a été associée à la réduction de l’appétit. Et nous ne sommes pas tous égaux face aux troubles de l’alimentation : certaines personnes produisent moins de propionate que d’autres. Pour celles-là, l’ajout dans l’alimentation d’une poudre d’IPE pourrait aider à contrôler cette impulsivité face à la nourriture, estiment les chercheurs.
« Nous avons développé un IPE pour étudier le rôle du propionate produit par le microbiote intestinal sur la santé, explique le Dr Douglas Morrison de l’université de Glasgow, auteur de l’étude. L’étude illustre également le fait que les signaux issus de la flore intestinale sont importants dans la régulation de l’appétit, et dans le choix de la nourriture. »
Pour ceux qui souhaitent ajouter un peu d’inuline à leur alimentation pour tester les résultats de cette étude, la saison semble propice : on peut la trouver dans les artichauts, ou les topinambours (pour ces derniers, il faudra attendre quelques mois). Elle est aussi présente à l’état naturel, et en quantités plus importantes, dans les racines de chicorée.