Fruits de mer, oignons, œufs et noix du Brésil ont un point commun : ces aliments sont riches en sélénium, un micronutriment essentiel au système immunitaire. Intégrer davantage ces produits à l’alimentation quotidienne pourrait bien être un réflexe bénéfique. D’après une étude du Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), parue dans l’American Journal of Clinical Nutrition, ce micronutriment réduit le risque de cancer du foie.
Risque réduit de 59 %
Cette étude s’appuie sur les données de la cohorte européenne EPIC (European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition), qui suit 500 000 Européens de 10 pays différents. L’objectif : mieux comprendre le lien entre alimentation et cancer. Les chercheurs ont donc sélectionné 121 patients atteints de cancer du foie, 140 souffrant d’un cancer de la vésicule biliaire ou des voies biliaires, et autant de personnes en bonne santé.
Les participants qui possèdent de hauts niveaux de sélénium dans le sang sont moins à risque de développer une tumeur. Le risque de carcinome hépatocellulaire est particulièrement diminué, au vu des résultats. Pour chaque hausse de 20 μg de sélénium par litre de sang, le risque est réduit de 59 %.
Une protéine clé
De fortes concentrations de séléno-protéine P (SePP) s’avèrent également bénéfiques. Cette protéine est chargée de la distribution du sélénium dans le foie et le reste de l’organisme. Chaque hausse de 1,5 mg par litre de sang se traduit par un risque de carcinome hépatocellulaire réduit de 63 %. En revanche, aucune association n’émerge avec les cancers de la vésicule biliaire et des voies biliaires, situées en dessous du foie.
Les auteurs de cette étude soulignent que ces résultats sont encourageants. Augmenter ses apports en sélénium, lorsqu’ils sont insuffisants, pourrait agir en prévention, au même titre que l’arrêt du tabac, une faible consommation d’alcool et un IMC normal.
« Mais ces résultats s’appuient sur une seule étude, avec un nombre réduit de cancers du foie, nos résultats doivent donc être validés par d’autres travaux avant que des recommandations de santé publique ne soient émises », souligne le Dr David Hughes, du Collège Royal des Chirurgiens d’Irlande.
Les concentrations en sélénium varient selon la région. Bétail et cultures d’Europe en contiennent moins, car le sol est pauvre en ce micronutriment. A l’inverse, les populations d’Amérique du Nord sont mieux loties.
9 % des décès par cancer
Définir des stratégies préventives est important au vu du poids important du cancer du foie dans la mortalité mondiale. En 2012, il représentait 9 % des décès par cancer. « L’incidence des cancers du foie augmente dans les pays développés, rappelle le Dr Mazda Jenab, du CIRC. Les cancers du foie sont souvent diagnostiqués à des stades tardifs et les options thérapeutiques sont limitées. »
Si ces résultats se confirment, l’approche préventive semble à portée de main.