En 2015, la France comptait 1,9 million de professionnels de santé. Un ouvrage de la DREES publié il y a quelques jours esquisse les portrait des blouses blanches.
Les différents aspects des métiers et des parcours de ces professionnels sont analysés : effectifs actuels et évolution passée, répartition géographique, rémunérations, formation, conditions de travail...
Premier élément, de nombreux professionnels de santé exercent avec un diplôme obtenu à l’étranger. « Leur effectif a particulièrement augmenté au cours de la période récente », note en effet la Direction.
D’après les données du répertoire partagé des professionnels de santé (RPPS), elle recense environ 21 800 médecins actifs inscrits à l’Ordre dans ce cas. C'est 10 % de l’ensemble des médecins. Cette proportion, bien qu’elle soit plus élevée qu’il y a dix ans, situe encore la France sous la moyenne des pays de l’OCDE, loin derrière le Royaume-Uni, les États-Unis ou le Canada, mais devant l’Allemagne ou les Pays-Bas, précise cependant la DREES.
Un quart des nouvelles inscriptions à l'Ordre
Et les médecins ne sont pas les seuls concernés. 2 600 dentistes diplômés à l’étranger (6 % de l’ensemble) exercent en France, ainsi que 2 000 pharmaciens (3 %) et 1 400 sages-femmes (6 % du total). Conséquence, au cours de la période récente, la part des nouveaux inscrits à l’Ordre qui détiennent un diplôme étranger est particulièrement élevée. Aussi bien pour les médecins que les chirurgiens-dentistes. Ils représentent désormais le quart des nouvelles inscriptions à l’Ordre.
Ces trois dernières années, environ un tiers d’entre eux avaient la nationalité française. « Il est vraisemblable qu’il s’agisse souvent de Français ayant choisi de suivre tout ou partie de leurs études de médecine à l’étranger, afin de maximiser leurs chances de réussite », indiquent ces statisticiens.
La médecine de l'Est s'exporte dans l'Hexagone
Le lieu du diplôme des médecins ayant étudié à l’étranger, lorsqu’il est renseigné, est le plus souvent situé en Europe de l’Est (dans 29 % des cas). La Roumanie en tête, a souligné récemment le CNOM dans une enquête. Suivent l’Europe de l’Ouest (28 %) et le Maghreb (25 %). Et ces derniers ont un profil particulier, les médecins diplômés à l’étranger sont davantage représentés chez les spécialistes (14 %) que chez les omnipraticiens (5 %) en 2015.
Compte tenu des contraintes liées au statut, ils exercent moins souvent en libéral. Mais lorsque c'est le cas, ils sont plus souvent situés en Île-de-France, plutôt que dans les régions « attractives » du sud de la France (Aquitaine, Languedoc-Roussillon, PACA, etc).
Même phénomène chez les paramédicaux
Enfin, le phénomène est le même chez les paramédicaux. Chaque année depuis 2003, les nouveaux diplômés de masso-kinésithérapie inscrits au répertoire sont près de quatre sur dix à avoir étudié hors de France, et près de trois sur dix concernent les diplômés d’orthophonie.
Pour autant, ces nouveaux diplômés à l’étranger sont majoritairement Français au moment de leur inscription au répertoire Adeli : c’est le cas de près de la moitié (45 %) des masseurs-kinésithérapeutes autorisés à exercer au cours des trois dernières années, et même de la quasi-totalité (95 %) des orthophonistes.
« De façon beaucoup plus marquée que pour leurs collègues médecins ou chirurgiens-dentistes, on peut supposer que cela relève souvent d’une stratégie de contournement des études de santé françaises afin de s’assurer de meilleures chances de réussite », concluent les auteurs de l'étude.