Presque deux millions de professionnels de santé exercent en France. Les écarts de salaires sont conséquents : entre le début et la fin de carrière, les revenus ont plus que doublé. C’est ce que montre un rapport de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) paru ce 4 juillet. Il met à profit les données récoltées lors de la Grande conférence de la santé qui s’est tenue en début d’année. Les médecins, pharmaciens et psychologues gagnent au moins deux fois plus que le reste du personnel hospitalier.
Des écarts public-privé
Ce « portrait des professionnels de santé » met en évidence le fossé qui sépare le secteur privé – ici séparé entre les établissements à but lucratif ou non lucratif – et public. L’évaluation des salaires des praticiens qui exercent en clinique s’avère difficile, de l’aveu même de la Drees. En effet, bon nombre ont une pratique libérale au sein de l’établissement et les salaires sont très disparates.
La moyenne calculée par l’organisme est donc sujette à caution, même si elle illustre bien les écarts de revenus. A l’année, médecins, pharmaciens et psychologues gagnent 57 600 €, soit 4 850 € par mois. La rémunération est inférieure dans le secteur à but lucratif, s'établissant à 52 000 €. Un décalage sans doute lié à la plus grande pratique libérale. A l’hôpital, la quasi-totalité de l’activité se fait dans le cadre public (93 %) bien qu’un exercice libéral soit permis.
Jusqu’à 104 000 euros par an
L’analyse des salaires dans le public se montre plus précise. Elle met en évidence une évolution logique en fonction de l’âge : les praticiens de moins de 30 ans peuvent ainsi espérer doubler leur rémunération d’ici leur fin de carrière, si ce n’est plus. Les premières années à l’hôpital s’accompagnent ainsi d’un salaire d’environ 25 000 € annuels.
Selon leur statut au sein de l’établissement, les praticiens peuvent faire évoluer leurs revenus de manière radicale. Les assistants, en début de carrière, sont sans surprise moins rémunérés que les praticiens hospitaliers (PH), qualifiés ainsi après un concours. Allier recherche universitaire et exercice médical semble aussi plus profitable : le salaire augmente de 30 000 euros par an. Encore faut-il réussir un concours supplémentaire. Le statut de « professeur des universités – praticien hospitalier » (PU-PH) reste le mieux payé avec une moyenne de 104 000 € par an, soit plus de 8 600 € mensuels.
Le public plus lucratif pour les soignants
Pour le personnel soignant (infirmiers, aides-soignants, techniciens), une carrière à l’hôpital public est sans doute plus attractive que dans les établissements privés. Une sage-femme gagne environ 22 000 € par an. Mais entre les structures à but lucratif et publiques, quelque 4 000 € séparent les revenus. Le décalage est particulièrement marqué chez les agents de service et employés administratifs – dont font partie les aides-soignants. Le salaire dans le public est 13 % supérieur au secteur privé lucratif. Sans compter que les emplois à temps partiel sont plus fréquents dans les cliniques et que l’évolution en fonction de l’âge est moins marquée que chez les médecins. Dernier point de disparité, mais pas des moindres : davantage de femmes exercent dans les professions telles que sage-femme, infirmière, aide-soignante… Les salaires sont également moins élevés pour les employées.