La « fish therapy » est une technique dans laquelle l’usager est invité à plonger longuement ses pieds (parfois ses mains, voire le corps entier) dans un bassin où sont présents une centaine de poissons de l’espèce Garra rufa. Comme ces derniers sont supposés manger les peaux mortes, elle est présentée comme une méthode de gommage de la peau, la rendant plus douce, ou comme une source de détente et de bien-être.
Mieux encore, des promoteurs estiment qu’elle est en mesure de traiter des problèmes de santé comme le psoriasis ou l’eczéma. Face à cette communication mensongère, l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) a rendu un avis en 2013 rappelant qu’aucun argument scientifique solide ne supporte ces allégations. Et le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) enfonce le clou ce mardi en pointant les risques sanitaires liés à cette pratique.
Abandonner le terme "fish therapy"
Ces experts mettent fin tout d'abord à un vieux débat. « Il s’agit d’une pratique qui n’a aucune indication médicale », écrivent-ils. Ils recommandent donc de ne plus utiliser la terminologie « fish therapy » induisant, selon eux, « une efficacité thérapeutique médicale » non démontrée.
Ils conseillent, par ailleurs, d'informer les médecins (dermatologues, infectiologues, généralistes…) de l’absence d’efficacité de cette pratique pour la prise en charge de l’eczéma ou du psoriasis. A ce sujet, le HCSP envisage encore de mettre en place une information complémentaire du public au cabinet médical ou lors de la prise en charge dans les centres pratiquant cette activité.
De plus, le Haut Conseil souhaite informer les professionnels de santé sur les risque liés à cette pratique. En particulier pour les personnes ayant des facteurs de risque d’infection (diabète, immunodépression). Pour cette raison, il indique qu'il faut « inciter les professionnels de santé à signaler les cas suspects d’infection afin qu’ils bénéficient d’investigations approfondies ».
Enfin, le HCSP appelle à encadrer cette pratique avec des contrôles sanitaires réguliers « dont les modalités sont à définir avec les services compétents, et à réévaluer régulièrement les risques en fonction des nouveaux cas rapportés ».
Une étude visant à évaluer les risques d’infections cutanées par transmission des poissons aux clients, par contact avec les poissons ou avec l’eau, ou entre clients, a été menée aux Pays-Bas. La qualité microbiologique de l’eau a été déterminée dans 24 bassins de 16 structures avec l’analyse d’un échantillon d’eau par bain. Et les résultats sont éloquents.
La plupart des bassins analysés contenaient plusieurs espèces : Aeromonas spp. (24), Mycobactéries spp. (23), Pseudomonas aeruginosa (18), etc.
« La contamination par des germes d’origine fécale était faible », précisent les auteurs. Ils concluent que, « compte tenu du niveau de concentrations détecté de germes pathogènes, le risque à utiliser ces techniques est considéré comme limité pour des personnes en bonne santé avec une peau intacte et sans maladie sous-jacente ».