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Présente dans la graisse brune

Obésité : une enzyme réduit notre masse grasse

Par Julie Levallois

Une enzyme capable de naturellement réduire la masse grasse a été découverte. Située dans la graisse brune, elle provoque la perte de poids en brûlant les calories sans les stocker.

Violin/epictura

La graisse brune fait de nouveau parler d’elle. Ce tissu adipeux, très peu présent chez l’homme, a tendance à favoriser la perte de poids. Mais son mécanisme est plus flou. Une équipe du Dana-Farber Cancer Institute (Boston, Massachusetts, Etats-Unis) lève en partie ce voile. Elle publie dans Cell une étude sur la souris qui révèle une action alternative.

Un brûle-graisse naturel

Pour les biens de ces travaux, les chercheurs ont rendu un groupe de souris obèses à l’aide d’un régime gras. Puis ils se sont intéressés au tissu adipeux des animaux. Trois formes existent : la graisse blanche – qui stocke les calories –, la graisse brune – qui brûle de l’énergie – et la graisse beige – qui est plus équilibrée.

Dans ces deux derniers cas, la consommation du glucose est modifiée. Au lieu de transformer les calories puis stocker l’excès, les cellules séparent les deux processus et se contentent de brûler le glucose. C’est ce « brûle-graisse » naturel qui permet une perte de poids.

Un premier mécanisme a été identifié. Il se situe au niveau des mitochondries, dont la présence abondante explique la couleur différente de la graisse brune. La protéine UCP1 était considérée comme la seule source responsable du phénomène.

Une nouvelle approche préventive ?

Mais un fonctionnement alternatif a été mis au jour par l’équipe américaine. L’enzyme PM20D1, sécrétée par les graisses brune et beige, déclenche également le processus « brûle-graisse ». Pour cela, des acides aminés qui transforment l’énergie en chaleur sont libérés. Les travaux chez la souris ont confirmé cela.

La protéine a été injectée aux rongeurs obèses. Dès 8 jours, les acides aminés ont déclenché une perte de poids majeure, et ce, uniquement dans les tissus gras. Et pour cause : leur concentration dans le sang était accrue.

« Ces données suggèrent que soit PM20D1 soit les acides aminés N-acyl peuvent être utilisés à des fins thérapeutiques dans le traitement de l’obésité ou d’autres troubles associés à l’obésité tels que le diabète et la stéatohépatite non-alcoolique », estime Bruce Spiegelman. Il faudra encore de longues années avant d’y parvenir, notamment parce que la graisse brune est très peu présente chez l’adulte. Des méthodes d’administration devront donc être développées. Mais l’enjeu est réel : en prévenant mieux l’obésité, les pathologies associées pourront être réduites. Parmi elles, les cancers favorisés par l’excès de poids.