La France vieillit, les maladies chroniques se font plus nombreuses. Une population plus âgée augmenterait donc les dépenses de l’Assurance maladie. Et si cette affirmation était fausse ? Une équipe de la faculté de médecine Albert-Einstein (New-York, Etats-Unis) avance une autre thèse : les centenaires restent en bonne santé plus longtemps que leurs congénères plus jeunes, explique-t-elle dans le Journal of the American Geriatrics Society.
Quelque 3 000 personnes provenant principalement des Etats-Unis ont été suivies au cours de ces travaux. Elles participent à deux cohortes sur la longévité : l’une est menée uniquement sur des juifs ashkénazes âgés de 95 ans ou plus, l’autre suit des personnes âgées de 58 à 95 ans. Parmi ces volontaires, 1 980 jouissaient d’une vie plus longue que d’ordinaire et 1 000 à l’espérance de vie normale.
A l’extrême fin de vie
Cinq pathologies liées au vieillissement ont été traquées au fil des années : cancer, maladies cardiovasculaires, hypertension artérielle, ostéoporose, AVC. Il semble bel et bien possible de vieillir en bonne santé, au vu des résultats : chez les centenaires, les maladies se concentrent vers l’extrême fin de vie, et durent moins longtemps. Le beau sexe semble particulièrement privilégié.
Chez les volontaires à la longévité normale, 20 % souffraient de cancer à l’âge de 67 ans pour les hommes et 74 ans pour les femmes. Les participants qui avaient soufflé au moins 95 bougies bénéficient d’un délai d’une vingtaine d’années : à 97 ans, 20 % des hommes sont épargnés par le cancer. Les femmes, elles, patientaient jusqu’à 99 ans avant que cet avantage ne s’estompe.
Ensuite, les pathologies sont une cause de souffrance sur de moins longues périodes : « Ceux qui vivent exceptionnellement longtemps ont en plus l’avantage d’être malades moins longtemps avant de mourir – parfois quelques semaines ou mois », souligne Nir Barzilai, principal auteur de l’étude. Voilà qui ne devrait pas rassurer la nouvelle doyenne des Français : âgée de 113 ans, Elisabeth Collot ne semble pas satisfaite de son extraordinaire longévité (voir encadré).
"C'est long", pour la doyenne des Français
En meilleure santé, mais pas forcément plus heureuse. Elisabeth Collot, 113 ans, vient d'être sacrée doyenne des Français. Mais cette longévité n'est pas pour plaire à tout le monde. « C’est long », aurait déclaré l'intéressée à sa fille, dont les propos sont rapportés par l’AFP. Elisabeth Collot vit toujours dans son domicile d'Echirolles (Isère) avec son fils de 82 ans. Le secret de sa longévité : un peu de chant, peu d'alcool et pas de cigarette... et une petite dose de mauvaise humeur vis-à-vis de son grand âge. L'Iséroise n'est pas la seule à jouir de jours prolongés : 21 393 centenaires ont été dénombrés au dernier compte de l'Insee (Institut national de la statistique et des études économiques).