Les résultats du dernier panorama démographique 2015 de l’Ordre national des Pharmaciens étaient sans appel. Les jeunes diplômés en pharmacie boudent l’installation en officine.
En effet, si leur nombre augmente, seulement 30 % d’entre eux décident de pratiquer dans une pharmacie de ville. Et le malaise dépasse la crise des vocations. Elle est plus large. Depuis dix ans, près d'un millier de pharmacies ont disparu et le rythme s'accélère chaque année. Il y a déjà 50 pharmacies de moins lors du premier trimestre 2016, soit plus d'une fermeture tous les deux jours. Face à cet état des lieux plus qu'inquiétant, les représentants de la profession ne mâchent pas leurs mots.
"Une situation catastrophique"
Dans un "Manifeste pour la pharmacie française" publié ce mardi, neuf organisations du secteur dont l'Ordre des pharmaciens (1) décrivent « une situation économique catastrophique ». Elles écrivent en effet que la rémunération des pharmacies d’officine est en « forte diminution » pour la deuxième année consécutive. Et là encore, les mauvais chiffres s'accélèrent en 2016 avec une chute de plus de 2 % sur les quatre premiers mois de l’année.
Ces professionnels estiment ainsi que les 22 221 officines, leurs 120 000 emplois et les 6 500 apprentis, sont menacés par cette situation économique, « qui entraîne des fermetures brutales pouvant remettre en cause le maillage territorial ».
Et cette situation ne va rien arranger à la crise économique que traverse la France depuis 2007. « La pharmacie est bien souvent le seul poste avancé du système de santé et créateur d’emplois qualifiés dans les zones rurales et les quartiers difficiles », estiment ces représentants.
Une volonté de réforme
Mais l’ensemble de la profession (Ordre, syndicats, groupements de pharmaciens et étudiants) ne va pas baisser les bras. Les représentants sont même prêts à une grande réforme pour sauver leur métier. Dans un communiqué, ils appellent donc le gouvernement à s’engager avant le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) 2017 « pour fixer un cadre économique clair ».
Les syndicats estiment même ce cadre « indispensable » avant l’ouverture à venir de la négociation de la convention nationale pharmaceutique qui engagera les pharmacies, l’Assurance maladie et l’Etat pour 5 ans. « Cet accord permettra l’évolution du métier et le renforcement du maillage officinal », précisent-ils.
Concrètement, ils veulent conforter la place du pharmacien dans l’observance et le bon usage du médicament. Cela passe par de nouvelles missions. Comme celles qui consistent à renforcer leur rôle auprès des personnes âgées en ville et en EHPAD, à développer les actions de prévention et de dépistage à l’officine, à organiser la continuité ville/hôpital, ou encore à renforcer la coordination entre les différents professionnels de santé. « Le tout en obtenant une rémunération adaptée à ces nouvelles missions », concluent-ils.
(1) USPO, FSPF, UNPF, FEDERG, CNNGPO, UGDPO, ANEPF, APR, Conseil National de l'Ordre des Pharmaciens