« Est-il acceptable qu’une personne attende en moyenne 30 jours pour passer le seul examen d’imagerie permettant de vérifier la présence de cancer ? » C'est la question que pose l’Institut Cemka-Eval qui, dans son étude annuelle, analyse l’équipement français en IRM et les délais d’attente.
Les auteurs de ces travaux rappellent que ce retard représente « non seulement une perte de chance mais aussi une période d’angoisse pour le patient et pour ses proches ». En France métropolitaine, il faut patienter 30,6 jours en moyenne pour accéder à un examen d’IRM, alors que le Plan Cancer 2014-2019 préconise un maximum de 20 jours, et le Plan précédent 15 jours.
Pour l'année en cours, ces données révèlent que plus de la moitié de la population française (51,3 %) vit dans une région où le délai moyen d’attente est supérieur ou égal à 30 jours (43,3 % en 2015).
Le retard français en équipements
A côté de ces chiffres alarmants, Cemka-Eval note que le taux d’équipement national en métropole se situe à 13,1 IRM par million d’habitants, « bien en-dessous de la moyenne européenne de 20 IRM par million d’habitants ». Dans un communiqué, Christophe Lala, président du pôle Imagerie du SNITEM (1), ne cache pas son mécontentement. « Les acteurs de l’imagerie médicale fédérés par le SNITEM préconisent la recherche de solutions concrètes, pour améliorer le plus rapidement possible cette situation indigne de notre système de santé ! », écrit-il.
Des inégalités régionales flagrantes
Ce dernier révèle, par ailleurs, que les inégalités régionales demeurent « flagrantes » en métropole. Avec des territoires qui cumulent les handicaps. Ainsi, les régions Auvergne, Centre et Bretagne ont les taux d’équipement parmi les plus faibles et les délais d'attente parmi les plus élevés (44,8 jours, 41,6 et 39,6 jours). Le délai moyen pondéré par la taille de la population montre un écart de plus du simple au double (52,9 vs 21,5 jours) entre les 5 régions les moins bien équipées et les 5 régions les mieux dotées.
Pire, par rapport à 2015, les délais d’attente pour un examen d’IRM ont augmenté dans 12 régions, dont 5 font partie de celles ayant la plus forte mortalité par cancer : Basse-Normandie, Champagne-Ardenne, Ile-de-France, Nord-Pas-de-Calais, PACA.
Et dans 9 régions françaises, l’augmentation des délais est supérieure à 10 % (2). C'est par exemple le cas en Rhône-Alpes où le délai moyen d'attente pour un obtenir un rendez-vous IRM est passé de 22,8 jours en 2015 à 32,8 jours en 2016.
Les besoins en santé pas couverts
Enfin, l'Institut alerte particulièrement sur le cas de cinq régions métropolitaines qui se caractérisent par des taux d’équipement particulièrement faibles, inférieurs à 11 IRM par million d’habitants : l’Auvergne, la Bretagne, la région Centre, la Picardie et les Pays de la Loire.
Dans le même temps, certaines régions voient leur situation se dégrader : Rhône-Alpes, Poitou-Charentes, Basse-Normandie, Aquitaine. « Dans d’autres régions comme PACA ou le Nord-Pas-de-Calais, les nouvelles installations ne font qu’accompagner la croissance des besoins de santé et ne permettent donc pas de réduire les délais », précisent les auteurs de l'étude.
Ces derniers indiquent en effet que de nouveaux besoins apparaissent, « liés au vieillissement de la population et aux nouvelles indications de l’IRM ». Dans le contexte du réquisitoire récemment mené par la Cour des Comptes et face à l’augmentation inévitable du nombre d’examens, ils concluent qu'il est « urgent de définir collectivement les outils adéquats de pilotage des ressources et des organisations, au service d’une imagerie efficiente ».
(1) "Etude Cemka-Eval 2016 : parc français d’IRM et délais d’attente" menée à l’initiative de l’association Imagerie Santé Avenir (ISA), et en coopération avec le Syndicat National de l’Industrie des Technologies Médicales (SNITEM)
(2) Aquitaine, Auvergne, Basse-Normandie, Limousin, Midi-Pyrénées, Nord-Pas-de-Calais, Poitou-Charentes, PACA, Rhône-Alpes