Le régime méditerranéen ou crétois n’a plus la cote. Ce régime santé par excellence laisse la part belle aux fruits, légumes et céréales, le tout arrosé d’un filet d’huile d’olive extravierge. La viande rouge, les poissons, les produits laitiers sont consommés avec modération.
Mais l’évolution de nos modes de vies et la mondialisation tendent à faire disparaître cette culture présente dans tous les pays bordant la mer Méditerranée et reconnue patrimoine immatériel en 2010.
En effet, la consommation des aliments phare de ce régime se réduit comme peau de chagrin. « En Grèce, elle a diminué de 70 % ces 30 dernières années, en Espagne de 50 % », a expliqué à l'AFP le président de la Fondation internationale de la diète méditerranéenne, Lluis Serra-Majem, à l'occasion d'une conférence réunissant une trentaine d'experts à Milan. Selon cet expert, moins d’un Espagnol sur 7 continue à ce suivre ce régime parfaitement, tandis que près d’un tiers ne le suit plus du tout.
Le tourisme jugé coupable
« L'érosion est portée par différents phénomènes. On assiste à une globalisation des habitudes alimentaires, avec ''la diffusion du régime alimentaire occidental'' », souligne M Serra-Majem. Un phénomène en grande partie lié à l’avènement du tourisme dans ces régions du monde.
« Le tourisme sans contrôle entraîne une forte urbanisation et amène une alimentation qui est proche du fast-food », avec pour conséquences « une augmentation de la consommation de viande ou de dérivés de la viande, de produits laitiers, de farines raffinées et une diminution du régime traditionnel », note l'expert espagnol.
La disparition du régime crétois concerne également la Grèce, où ce sont surtout les aînés qui y adhérent le plus, indique Antonia Trichopoulou, de la Fondation grecque pour la santé.
Diabète, maladies cardiovasculaires...
Les conséquences sanitaires sont d’ores et déjà observés pour ces populations, autrefois connues pour leur longévité en bonne santé. « Sept adultes grecs sur dix sont aujourd'hui en surpoids ou obèses, et environ 11 % souffrent de diabète », relève Mme Trichopoulou, alors qu’avec « le régime méditerranéen associé à une activité physique, on pouvait prévenir environ 80-90 % des cas de diabète », ajoute M. Serra-Majem. Résultat : l’incidence des maladies cardiovasculaires (infarctus du myocarde, accident cardiovasculaires) et des cancers est en hausse.
Ralentir le phénomène, voir le contrecarrer, est donc devenu une priorité pour ces experts. D’après Antonia Trichopoulou, des actions d’éducation nutritionnelle sont à mettre en œuvre, notamment en Grèce où ce sont les personnes appartenant aux classes sociales plus élevées et ayant étudié » qui suivent davantage le régime méditerranéen.
Ceci, explique-t-elle est « surtout lié à un problème social et d'éducation que d'argent car les légumes et fruits sont relativement bon marché » dans le pays, mais la population cuisine moins et les publicités favorisent la consommation de produits sucrés ou déjà préparés.