« A-t-on entendu parler, par exemple, des ateliers de jongleries de testicules, en vue du dépistage du cancer des testicules ? » C’est à ce niveau qu’une conseillère municipale FN à la mairie de Villeurbanne, Béatrice Branska-Farille, a souhaité élever le débat sur le cancer du sein. Elle a tenté de bloquer les subventions destinées à une association.
De l’argent public – 2 500 euros – était destiné au projet Vénus. Ses créateurs ont souhaité communiquer sur le dépistage par l’art. Des photos modifiées par des artistes de femmes saines, poitrines découvertes : c’est le projet pensé par ses créateurs, et c’est ce qui dérange Mme Branska-Farille, qui s’offusque devant tant d’impudeur.
Couvrez ce sein que je ne saurais voir
« Voyeurisme » des visiteurs de cette exposition où des seins seront « exhibés » dans une idée d’« exploitation du corps de la femme en tout lieu » : l’élue frontiste estime que ce projet est « complètement dépourvu de pédagogie ». Elle n’a sans doute pas la même approche de l’art que le collectif lyonnais Spacejunk, qui poursuit l’idée depuis 2010.
Œuvre issue de l'exposition Les Vénus 2015 au Pays Basque
« Projet Vénus propose d’offrir un regard artistique sur le corps de la femme, de le sublimer et de démystifier les tabous liés au cancer du sein, explique-t-il sur le site du projet. C'est aussi l’occasion de transmettre des informations sur le dépistage en provoquant des rencontres conviviales, des débats et des échanges sur la maladie ».
Pour des comportements plus sains
En 2011, le magazine Marie-Claire avait publié les photos seins nus de dix personnalités, afin de sensibiliser sur l’importance de la mammographie, et inciter près d’un tiers des femmes de plus de 50 ans qui ne réalisent jamais l’examen. Les initiatives similaires se sont multipliées ces dernières années, et l’image du sein ne devrait plus choquer.
Heureusement, l’indignation de Mme Branska-Farille s’est trouvée aussi isolée qu’elle, au sein d’un conseil municipal où elle n’aura eu d’autre conséquence que de provoquer l’hilarité. « A-t-on vu les salles publiques de Villeurbanne tapissées de toiles exhibant l’appareil génital masculin ? », avait-t-elle pourtant insisté. « Vous devez faire allusion à la toile Le concile de l’amour qui est au mur de la salle de l’ancienne bibliothèque, lui avait alors répondu avec humour Jean-Paul Bret, maire de Villeurbanne. Si vous observez bien, vous y verrez beaucoup de fesses, certes, mais aussi des testicules ! »
Œuvre issue de l'exposition Les Vénus 2015 au Pays Basque