Il n’aura fallu que 3 jours au coronavirus (MERS-CoV) pour infecter 82 personnes en Corée du Sud à partir d’un seul patient pris en charge dans une salle des urgences pleine à craquer, révèle une étude parue dans The Lancet.
L’an dernier, le pays du Matin-Calme a été victime d’une grave épidémie de MERS-CoV, un agent pathogène mortel originaire d’Arabie Saoudite. En l’espace de deux mois, 186 personnes ont été contaminées et 36 sont décédées.
Les raisons de cette propagation fulgurante restent encore inconnues. C’est pourquoi des infectiologues du Centre médical Samsung à Séoul ont retracé les mouvements des patients infectés par le MER-CoV soignés dans leur hôpital pour comprendre la chaîne de transmission.
Plus de 1 500 personnes exposées
Le virus est d’abord arrivé dans le pays via un homme de 68 ans ayant voyagé dans de nombreux pays du Golfe, notamment l’Arabie Saoudite. Souffrant de fièvre, toux et difficultés respiratoires, ce dernier se rend au Centre médical Samsung le 18 mai 2015. Face aux symptômes, les médecins suspectent le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) et l’isole.
Malheureusement, le mal est déjà fait : le sexagénaire a déjà contaminé 28 personnes dont un homme de 35 ans, surnommé le patient 14, avec qui il a partagé une chambre dans un autre hôpital. Pour les spécialistes, le patient 14 est à l’origine de l’épidémie de MERS-CoV dans le Centre médical Samsung.
Le jour de son arrivée aux urgences, le 27 mai, aucun élément ne permet de dire que le patient 14 a été exposé au MERS-CoV. Mais parmi les 1 576 personnes ayant été en contact avec lui, 82 (33 patients, 8 professionnels de santé et 41 visiteurs) ont présenté les symptômes du syndrome respiratoire du Moyen-Orient.
De l'animal à l'homme
L’analyse des chercheurs montre que les patients présents dans la salle des urgences avec le patient 14 ont eu le risque le plus élevé de contracter le virus (20 %) par rapport à ceux qui n’ont fait que le croiser au service de radiologie ou les visiteurs (5%). Les professionnels de santé avaient quant à deux 2 % de risque d’être infectés. Les infectiologues précisent qu’aucun cas n’a été identifié après que le patient 14 ait été placé à l’isolement. Autrement dit, être exposé à un environnement contaminé n’a pas mené à de nouvelles contaminations.
« Les services surchargés sont un problème important dans cette épidémie mais également un cas de figure classique dans la médecine moderne, ce qui devrait alerter les gouvernements et les autorités sanitaires dans un contexte où d’autres épidémies peuvent surgir », souligne le Pr Doo Ryeon Chung, co-auteur de l'étude.
Le syndrome respiratoire du Moyen-Orient a été détecté pour la première fois en 2012 en Arabie Saoudite. Depuis, 26 pays ont signalés des cas de MERS sur leur territoire. Des flambées continuent à être notifiées en Arabie Saoudite, notamment dans la région de Riyad. Les voies de transmission sont encore mal comprises. Les experts pensent qu’au Moyen-Orient les cas sont surtout liés à un contact direct et indirect avec un dromadaire infectés. Mais la transmission interhumaine n’est pas non plus écartée. Elle serait possible surtout lors de moments de contact prolongé. « On a observé cette transmission entre membres d’une même famille, patients et agents de santé, indique l’Organisation mondiale de la santé. Dans leur majorité, les cas ont résulté d’une transmission interhumaine dans les établissements de santé ».