Certaines régions de France cumulent les inégalités. Les régions les plus touchées par le surpoids et l’hypertension artérielle sont souvent celles qui manquent le plus de médecins. La « double peine », selon Withings, qui a réalisé une étude en partenariat avec Doctolib. La situation n’est pas près de s’améliorer : le déficit en généralistes pourrait bien s’aggraver dans la prochaine décennie.
Des déserts de plus en plus vides
Pour les biens de cette étude, Withings a rassemblé les données anonymes de 100 000 porteurs d’objets connectés. Trois éléments ont été retenus : l’IMC – témoin du surpoids –, la pression artérielle et la sédentarité. Grâce aux médecins qui recourent aux services de Doctolib – secrétariat médical virtuel –, une idée approximative des déserts médicaux peut être esquissée.
Sur ce point, le bilan est loin d’être positif. D’après le dernier bilan du Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM), la disponibilité en généralistes est en baisse constante depuis 2007. D’ici 2025, un quart des professionnels en activité ne seront plus présents, ce qui devrait aggraver l’accessibilité dans les régions déjà désertifiées.
Les déserts plus malades
Les déserts médicaux ne correspondent pas toujours aux zones rurales, mais celles-ci sont souvent touchées par le manque de médecins. Ces aires sont aussi celles où le surpoids et l’hypertension artérielle sont davantage représentés. « Paradoxalement, les zones qui ont le plus besoin de soins sont aussi celles où l'accès aux soins est le plus difficile, analyse Nicolas Schmidt, chef de produit Withings contacté par Pourquoidocteur. La densité moyenne en France est de 334 praticiens pour 100 000 habitants. On en dénombre 798 pour 100 000 habitants à Paris, mais ils ne sont que 180 pour 100 000 habitants dans l’Eure. » De fait, surpoids et hypertension nécessitent un suivi régulier par un médecin. Mais de gros écarts se creusent entre la moyenne nationale et les départements où la déshérence est la plus forte.
Cette association peut sans doute s’expliquer par l’absence de structures qui favorisent l’activité physique. En France, 73 % des équipements sportifs se situent en zone urbaine et péri-urbaine. Une sédentarité qui favorise la prise de poids mais aussi la survenue de pathologies chroniques, comme le diabète et l’hypertension artérielle.
Les obstacles doivent être levés, comme l’a récemment souligné l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). Mais elle a aussi invité les Français à saisir chaque occasion d’augmenter son activité physique : emprunter les escaliers plutôt que l’ascenseur, la trottinette au lieu du bus, ou encore rester actif au domicile. Mais certaines zones considérées comme des déserts médicaux, Paris au premier lieu, sont moins touchées par le surpoids.