Ce week-end, la colère d’une élue Front National (FN) de Villeurbanne, Béatrice Branska-Farille, a agité la toile. La frontiste s’est opposée à l’attribution d’une subvention de 2 500 euros à destination d’un projet artistique, Vénus VII, car l’exposition de photos met en scène des poitrines nues. Surpris par cette réaction sévère, le centre d'art Spacejunk de Lyon, à l’origine de l’initiative, lui répond dans les colonnes de l’Express.
Le but Vénus VII, mis en place en 2009, est de « proposer un projet innovant, mêlant art et santé, afin de soutenir les femmes qui sont ou ont été atteintes d'un cancer du sein, et de prévenir et dépister la maladie », explique l’association, soulignant que l’Agence régional de Santé (ARS) Rhône-Alpes Auvergne ainsi que les villes partenaires apportent leur soutien à cette initiative.
Un manque de respect
Mais pour l’élue FN, « exhiber les seins nus de femmes en bonne santé passe plutôt pour du voyeurisme que pour une incitation au dépistage d'une maladie ». « Cette élue a jugé notre projet sans vraiment en considérer l'importance, déplore le centre d'art Spacejunk. Elle ne se rend pas compte qu'il ne s'agit pas d'une exposition de courte durée, mais bien d'un projet sur neuf mois, qui va au plus près des femmes et qui est dans leur intérêt. »
L’association estime que la dénonciation de la subvention est « grave ». Mais elle est davantage choquée par le « manque de respect pour les femmes qui y ont pris part et qui ont eu le courage de tomber la chemise et se sont engagées pour cette cause avec beaucoup de volonté afin d'apporter des fonds - au travers d'une vente aux enchères des œuvres en décembre prochain - à l'association Europa Donna. »
Depuis sa création, 104 femmes et deux hommes – car le cancer du sein n’est pas seulement une maladie féminine – ont posé pour le projet Vénus. Ces photos ont ensuite été customisées par des artistes professionnels ou retravaillées par des femmes qui résident sur des territoires de la métropole où le taux de dépistage est le plus faible.
Source : Projet Venus VII - Facebook
Un message de prévention qui fonctionne
Pour certaines bénévoles, leur participation leur a sauvé la vie. Sensibilisées au cancer du sein, elles ont réalisé un dépistage qui a révélé une tumeur bénigne. Elles ont pu alors être prises en charge précocement. « Ces ateliers sont le nerf de la guerre du projet, un prétexte pour aller au plus près de ces femmes et les informer de la prévention du cancer du sein et son dépistage », explique l’association.
A Villeurbanne, comme dans d’autres villes du Sud de la France, le projet Vénus VII a convaincu. Au point que Béatrice Branska-Farille, l’élue FN, s’est retrouvée bien seule au conseil municipal, y compris dans son propre parti. Ses protestations n’auront rien changé, la subvention a été accordée à l’association.