Secouer son bébé pour qu’il arrête de pleurer, le geste est tentant. Mais la pratique est très dangereuse pour les enfants, et peut mener au décès. Une étude parue dans la revue Journal of Neurosurgery alerte sur la recrudescence du « syndrome du bébé secoué » –aussi appelé traumatisme crânien abusif ou traumatisme non accidentel – aux Etats-Unis.
En 5 ans, son incidence est passée de 19,6 à 47,4 pour 100 000 chez les enfants de 0 à 4 ans. La moitié des lésions ont lieu chez les nourrissons de moins de six mois. En France, 180 à 200 cas sont signalés chaque année, mais la pratique pourrait être plus étendue, en raison des cas non signalés.
Plus fréquent dans les foyers modestes
Les auteurs ont analysé les 213 cas de syndrome de bébé secoué rapportés à l’hôpital pour enfants Le bonheur » à Memphis (Tennessee) entre 2009 et 2014. Le but ? Identifier les données démographiques des victimes, déterminer l’incidence et la gravité des blessures, d’éventuelles tendances saisonnières, ainsi que les procédures chirurgicales et les coûts de prise en charge.
Ils ont établi que la pauvreté socio-économique favorisait le recours à cette pratique. Dans la région testée, un quart des personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté et presque autant n’ont pas de diplôme universitaire. Les traumatismes non accidentels de la tête sont aussi surreprésentés durant les mois de janvier, juin, et octobre.
Les jeunes enfants plus sensibles
La pratique est considérée comme intentionnelle car le parent secoue son enfant volontairement, souvent lorsque ses pleurs incessants l’exaspèrent. Même sans choc extérieur, le cerveau de l’enfant se balance d’avant en arrière et heurte les parois du crâne.
Les bébés et jeunes enfants ont en effet la tête plus lourde et plus massive que les adultes, leurs muscles du cou sont encore faibles et leur cerveau en développement, ce qui les rend plus fragiles. Rupture des vaisseaux sanguins, œdème cérébral, écrasement ou déchirement du tissu cérébral : de nombreuses lésions cérébrales peuvent survenir, avec de graves séquelles. Le cerveau est endommagé et certaines fonctions cérébrales peuvent être altérées, avec dans le pire des cas le décès de l’enfant.
Ouvrir la boîte crânienne
Les chercheurs proposent une nouvelle classification en trois grades selon la gravité du traumatisme. Le grade 1 concerne les fractures du crâne simples (un quart des enfants). Le deuxième grade ajoute les hémorragies intracrâniennes ou les gonflements du cerveau ne nécessitant pas de chirurgie. Lorsque celle-ci est impérative (23 % des cas) ou en cas de mort (3 enfants sur 100), on parle du grade 3.
Le traitement consiste alors à ouvrir une partie de la boîte crânienne pour accéder à la lésion ou diminuer la pression du cerveau. Le « trou de trépan » ainsi créé peut par la suite être lavé, et les liquides, comme le sang, aspirés. L’hospitalisation peut durer d’une journée à plus de deux mois, en fonction de la gravité.
L’Assurance maladie rappelle sur son site qu’ « aucun enfant ne doit être secoué, quelque soit son âge et la situation ». Une règle de bon sens pour éviter les drames.