Les programmes de circoncision volontaire à grande échelle en Afrique, et l’accès grandissant aux traitements antirétroviraux, ont permis de faire reculer les infections par le VIH dans les communautés rurales en Ouganda, suggère une étude publiée ce mardi dans la revue JAMA.
Depuis 3 décennies, la protection conférée par la circoncision masculine contre le VIH est mise en évidence par des études réalisées en Afrique. Le taux de nouvelles infections chez les hommes circoncis peut, en effet, être réduit jusqu’à 60 % par rapport aux non-circoncis, alors même que les comportements sexuels (usage du préservatif, nombre de partenaires) sont les mêmes chez ces individus.
Convaincues de son efficacité, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA (ONUSIDA) recommandent l’intégration de la circoncision dans les programmes africains de lutte contre l’infection par le VIH depuis 2007.
Une prévention renforcée
Les récents travaux de l’école de santé publique Johns Hopkins Bloomberg confirment les bénéfices de cette méthode, ainsi que l’utilisation des antirétroviraux en prévention, en condition de vie réelle.
« La biologie de ces deux stratégies de prévention ont été prouvées, mais la grande question était de savoir si elles allaient avoir un impact sur les nouvelles infections dans les communautés qui luttent toujours pour contrôler la propagation du VIH », explique Xiangrong Kong, responsable des travaux.
Pour le savoir, le Dr Kong et ses collègues ont suivi près de 45 000 personnes vivant dans le district rural de Rakai en Ouganda entre 1999 et 2013. Les chercheurs ont collecté des données sur l’utilisation des antirétroviraux, le recours à la circoncision, les comportements sexuels, les conditions de vie ainsi que le taux de nouvelles infections.
Leur analyse a porté sur 3 période distinctes : avant l’accès aux médicaments et la circoncision médicalisé (1999-2004), au lancement de ces programmes de prévention (2004-2007) puis une fois que ces programmes ont été assimilés par la population (2007-2013).
En 14 ans, les chercheurs ont vu le recours à la circoncision augmenté de 19 % à 39 %. L’utilisation des médicaments en prévention a également connu une hausse chez les hommes et les femmes passant de 0 à plus de 20 %.
L'espoir d'éradiquer le VIH
L’étude montre que dans les communautés où 40 % des hommes ont été circoncis, le taux de nouvelles infections a diminué de plus d’un tiers, par rapport au groupe où moins de 10 % des hommes ont opté pour cette méthode de prévention.
En outre, elle met en évidence la protection apportée par les antirétroviraux. Dans les communautés où plus de 20 % des femmes séropositives ont accès aux médicaments, les nouvelles transmissions ont chuté de 23 % chez les hommes. En revanche, aucune réduction n’a été observée chez les femmes. Mais ces effets seront observés dès que l’usage de ces traitements augmentera chez les hommes, souligne Xiangrong Kong.
« Il nous reste encore un long chemin avant de maîtriser l’épidémie de VIH en Afrique, souligne-t-elle. La population doit adopter ces stratégies et nous avons besoin d’un soutien financier durable pour y arriver ».
En Afrique sub-saharienne, 25,8 millions vivent avec le VIH. En 2014, environ 40 % des malades avaient accès aux traitements, et plus de 10 millions d’hommes ont décidé se se faire circoncire, selon l’OMS.