L’hôpital européen Georges Pompidou (Paris) a été contraint lundi soir de fermer jusqu’à nouvel ordre 9 blocs opératoires en raison d’un champignon retrouvé dans l’air. Une situation loin d’être inédite. Les infections nosocomiales sont, en effet, un fléau commun à tous les établissements de santé français.
Chaque année en France, un patient sur 20 est touché par une infection nosocomiale, selon l’enquête nationale de prévalence des infections nosocomiales et des traitements anti-infectieux en établissements de santé parue en mai 2013. Cela représente environ 750 000 patients par, et serait la cause direct de 4 000 décès.
Un long séjour multiple le risque par 15
Ces infections peuvent être liées aux soins dispensés aux malades ou simplement survenir lors de l’hospitalisation. Les bactéries, champignons ou virus responsables de ces infections peuvent provenir du patient lui-même ou être transportés par le personnel médical ou de l’environnement hospitalier (dispositif médicaux, équipement alimentation…).
Selon l’enquête nationale, les infections urinaires (30 %) étaient les plus fréquentes, devant les pneumonies (17 %), les infections du site opératoire (ISO) (13,5%) et les bactériémies/septicémies (10 %).
Le risque d’infection dépend du profil du patient, du temps de séjour ou encore des soins pratiqués. Les plus de 65 ans et les très jeunes, les patients immunodéprimés ou atteints de maladie sévère voire mortelle, et les patients opérés sont les plus exposées aux infections nosocomiale. Les patients hospitalisés plus d’un mois ont 15 fois plus de risque de contracter une infection nosocomiale que les malades restés moins d’une semaine.
La réanimation, service le plus affecté
En outre, certains services sont plus confrontés que d’autres à ces agents pathogènes. Sur les 15 180 patients infectés par une ou plusieurs infections nosocomiales lors de l’enquête nationale, moins d’1 % des patients infectés étaient pris en charge par un service d’obstétrique contre 23 % en réanimation, où les gestes invasifs sont nombreux (intubations, sondes urinaires, pose de cathéter…) et les patients souvent vulnérables.
Parmi les principales bactéries incriminés (Escherichia coli, Staphylococcus aureus et Pseudomonas aeruginosa), plusieurs présentent des résistances aux antibiotiques. Un phénomène qui oblige les soignants à modifier les traitements antibiotiques et retarde la guérison, et qui in fine aggrave la menace des infections nosocomiales dans les hôpitaux.