Avec l’âge, l’ordonnance s’allonge bien souvent. Et avec elle, les risques d’interactions médicamenteuses et de mauvaise prise du traitement. Des chercheurs de l' Université de Ghent (Belgique) ont étudié l’incidence de ces nombreuses prescriptions sur la santé des seniors. Pendant 18 mois, ils ont suivi une population de 503 personnes âgées de 80 ans à 102 ans et vivant en communauté (maison de retraite ou Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes par exemple).
L’étude parue dans le British Journal of Clinical Pharmacology montre un lien entre une mauvaise utilisation des médicaments et les risques de mort précoce ou d’hospitalisation.
Une mauvaise observance
Les patients âgés sont plus sensibles aux effets des médicaments. Ils cumulent généralement plusieurs traitements pris quotidiennement pour soigner plusieurs maladies chroniques (hypertension, problèmes cardiaques, affections respiratoires…). 58 % des personnes étudiées prenaient ainsi 5 médicaments différents ou plus par jour.
Deux tiers des participants à l’étude sous-dosaient au moins un des médicaments (mauvaise posologie, oubli de prise…). Or l’étude montre que la sous-utilisation de traitements augmente le risque de mortalité de 39 % et le risque d’hospitalisation de 26 %. La raison ? Les effets attendus des médicaments ne sont pas au rendez-vous ou amoindris : la maladie est peu ou mal traitée. La pratique serait donc plus risquée que le surdosage, qui touche 56 % de la population étudiée. En effet, aucun lien n’a pu être établi avec les risques d’hospitalisation et de mortalité plus précoce.
Agir sur la prescription
Les chercheurs préconisent de prêter davantage attention à la prescription, en mesurant les avantages attendus par rapport aux risques encourus. Des pharmacologues pourraient par exemple donner leur éclairage en fonction de chaque patient, de ses médicaments et des comorbidités (association de deux maladies souvent liées). Le vieillissement de la population rime avec davantage de maladies, davantage de traitements, et donc davantage de risques de mauvais usage. Les chercheurs planchent actuellement sur un système électronique pour surveiller la prescription et réduire ainsi ces aléas.