Dans l’affaire de Limoges, la justice a rendu son verdict, et il va dans le sens des premières expertises. Elle déboute le patient en estimant que sa perte de vision n’est pas liée à l’erreur dans l’opération mais à l’évolution normale de ses pathologies. La cour reconnaît toutefois un préjudice réel. Elle condamne la clinique et deux des trois médecins à verser chacun 1500 euros d’amende et à prendre en charge les frais de justice. Le troisième médecin avait préalablement conclu un accord d’indemnisation avec le malade.
Le patient avait saisi la Commission régionale de conciliation et d’indemnisation des accidents médicaux après avoir subi une ablation du corps vitré, une substance gélatineuse au fond de l’œil. En 2011, l’octogénaire se rend à la clinique Chégnieux pour une banale intervention à la paupière. Dans la salle d’attente, on le prie de retirer ses prothèses auditives. Croyant entendre son nom, il répond à l’appel des médecins, prenant en fait un place d'un autre patient. L’erreur n’est constatée que le lendemain : le contrôle d’identité a visiblement été défaillant.
Pathologies déjà présentes
En 2014, sa vision baisse fortement, jusqu’à la cécité presque totale. L’homme attribue ce symptôme à l’erreur opératoire. Mais les experts concluent que cela est dû à l’évolution normale de pathologies qu’il présentait plusieurs années avant l’incident. Le patient est en effet atteint de cataracte et de DMLA (Dégénérescence Maculaire Liée à l’Âge) depuis 2007. La contre-expertise leur donne aujourd’hui raison.
Mais le patient n’a pas tout perdu : cette erreur lui aurait en effet sauvé la vie ! Au cours de l’intervention, l’anesthésiste constate une embolie pulmonaire, l’obstruction brutale d’une partie de l’artère pulmonaire menant souvent au décès. Il réagit très vite et le patient est pris en charge rapidement, ce qui lui évite une issue fatale. L’équipe médicale prévue pour l’opération de la paupière initialement prévue n’aurait vraisemblablement pas pu détecter cette anomalie. Une chance dans son malheur.